Actuellement confrontés à la forte volatilité de certaines devises, notamment émergentes, de nombreux directeurs financiers se trouvent dans l’incapacité de se couvrir par le biais de produits dérivés, ceux-ci se révélant soit trop onéreux, soit inexistants. Une situation qui les conduit à adopter des stratégies alternatives, comme par exemple la renégociation des conditions de paiement avec leurs partenaires commerciaux.
En 2015, une ETI française a vu son chiffre d’affaires en Ukraine se contracter de plus de 25 % suite à la chute, d’une ampleur équivalente, du hryvnia face à l’euro durant cette période. Il lui a en effet été impossible de se couvrir contre cette baisse en recourant à des produits bancaires (contrats à terme, swaps de devises, options, etc.)… car aucun d’entre eux ne pouvait être utilisé pour cette devise ! «Certaines monnaies “exotiques”, c’est-à-dire peu échangées au niveau mondial, ne peuvent en effet pas faire l’objet d’une couverture de change classique car elles sont si peu liquides qu’il n’existe aucun marché mature les concernant, explique Pascale Moreau, responsable adjointe des ventes globales fixed income chez Société Générale CIB. C’est notamment le cas d’une partie des devises de petits pays d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie et d’Europe de l’Est.» Si une partie des monnaies «exotiques» peut tout de même être couverte avec des produits dérivés, le coût de ces derniers devient cependant prohibitif lorsque ces devises font l’objet d’une forte volatilité. L’an dernier, de nombreux groupes se sont donc retrouvés fortement exposés à la baisse de 8,5 % de la valeur de roupie indienne par rapport à l’euro, au recul de 12,5 % de la livre turque ou encore à la chute de 22 % du real brésilien.
Des négociations tarifaires avec les fournisseurs
Les directeurs financiers concernés par ce type de devises ont dû trouver des alternatives pour gérer leur risque de change. Bien que quelques produits et solutions bancaires très spécifiques puissent parfois être utilisés à cette fin (voir encadré), la démarche la plus couramment adoptée dans ces situations représente toutefois la mise en place d’une couverture «naturelle».