En dépit du ralentissement de leur activité, de nombreuses entreprises disposent aujourd’hui d’abondantes liquidités à placer, compte tenu des financements de précaution qu’elles ont levés depuis le début de la crise. Mais face au moindre appétit des banques à collecter leurs dépôts et aux difficultés des gérants monétaires à réinvestir les montants qui leur sont confiés, les opportunités de placement se raréfient, et les rémunérations offertes continuent de s’enfoncer en territoire négatif.
La crise sanitaire aura eu un effet positif sur la santé des entreprises, du moins d’un point de vue macroéconomique : jamais celles-ci n’ont disposé d’une trésorerie aussi abondante qu’aujourd’hui ! Selon la Banque de France, elles détenaient, en effet, fin août quelque 870,3 milliards d’euros de liquidités (voir graphique), un montant en hausse de plus de 170 milliards par rapport à la situation observée fin février. «Devenus un enjeu majeur pour nos clients depuis plusieurs années en raison notamment de l’environnement de taux bas, les placements de trésorerie ont pris, dans ce contexte, une importance encore plus grande depuis le début de la pandémie», constate Bruno Laurier, responsable notamment de la vente aux entreprises sur le change et les solutions d’investissement fixed income chez Société Générale CIB.
Une décollecte brutale
Afin de faire face au paiement de leurs diverses charges (versement des salaires, règlement des fournisseurs, remboursement de NEU CP…), beaucoup d’entreprises avaient, certes, été contraintes, en mars, de retirer des sommes significatives jusqu’alors déposées sur des comptes à terme et, surtout, dans des OPCVM monétaires. Certains fonds monétaires ont ainsi subi à ce moment une décollecte pouvant atteindre jusqu’à un tiers de leur encours, entraînant de facto une chute de leurs performances. Mais cette désaffection forcée pour les instruments de placement n’a pas duré. Grâce notamment aux mesures de soutien mises en œuvre par l’Etat (lancement des PGE, prise en...