Fondateur et président du cabinet Tenzing, vous venez de publier un ouvrage consacré au « dividende sociétal »*. Cette idée, relancée il y a deux ans par la loi Pacte dans le cadre des sociétés à mission, peine encore à s’imposer. Vous estimez pourtant qu’il s’agit là d’« une autre façon de partager la valeur ». Pourquoi ?
Eric Delannoy : Le dividende sociétal correspond à la part des bénéfices réalisés par l’entreprise qui est reversée à des projets servant l’intérêt général. Il ne s’agit pas d’investissements classiques, car la société n’espère pas de ROI. Dans un contexte budgétaire tendu pour les finances publiques, les sommes versées par les entreprises représentent des « coûts évités » pour l’Etat qui n’a, ainsi, pas à subventionner les projets financés par les sociétés privées. Si, habituellement, le bénéfice est réparti entre le capital, à travers la rémunération des actionnaires, et le travail (salaires, participation et intéressement), je propose d’y ajouter une troisième composante : les parties prenantes silencieuses sociales et environnementales. Il s’agit ainsi de reconnaître qu’elles participent à la création de valeur et doivent également être rémunérées. Par exemple, le cabinet de conseil en stratégie Tenzing, que j’ai fondé, est détenu à 70 % par une association à but non lucratif qui soutient financièrement des associations œuvrant pour l’égalité des chances. De son côté, la M...