La Banque centrale européenne vient de lancer une consultation de six mois autour de la création d’un euro digital grand public, un projet en gestation depuis de longs mois. L’institution entend notamment répondre à une double menace : l’essor des devises électroniques privées et des cryptomonnaies, mais aussi le recul des paiements en espèces induit par la digitalisation et favorisé par la crise sanitaire.
Les entreprises et citoyens européens pourront-ils bientôt réaliser des transactions courantes grâce à une monnaie dématérialisée émise directement par la Banque centrale européenne (BCE) ? C’est ce que laisse penser une initiative récente de l’institution francfortoise. Celle-ci vient en effet de lancer une consultation de six mois auprès du grand public et des institutions financières dont les conclusions doivent servir de base, à compter de l’an prochain, à la création d’un «euro digital» utilisable par le plus grand nombre en complément de la monnaie fiduciaire communautaire.
Le moment choisi par la BCE pour sortir du bois, alors même que la crise sanitaire s’aggrave en Europe, n’est pas fortuit : depuis qu’un consortium d’entreprises emmené par Facebook s’est lancé, début 2019, dans la création d’une devise numérique privée utilisable dans le monde entier comme moyen de paiement, le libra, la plupart des institutions monétaires étatiques cherchent à créer leur MDBC, ou monnaies digitales de banques centrales. «Selon la Banque des règlements internationaux (BRI), 80 % des banques centrales dans le monde, de la Banque populaire de Chine à la Fed en passant par la Banque du Japon, s’intéressent aujourd’hui aux monnaies digitales dites “de détail”, c’est-à-dire grand public, souligne Simon Polrot, président de l’Association française pour le développement des actifs numériques (Adan). Il était temps que l’Eurosystème, par la voie de son organe central, se positionne officiellement et d’une même voix sur le sujet.»