Si les prix de l’énergie, notamment du gaz, ont fortement reculé sur les marchés européens par rapport au pic d’août 2022, ils restent très supérieurs à leurs niveaux d’avant-crise. L’industrie européenne tente de s’adapter à cette nouvelle donne, qui apparaît durable, en réalisant des économies ou en revoyant ses chaînes de valeur. Mais la tentation est très forte d’investir hors d’Europe, où l’énergie est aujourd’hui deux à trois fois moins chère.
Plus d’un an après le déclenchement de la guerre en Ukraine, la question de la fourniture d’énergie en Europe semble sortie de l’actualité. L’arrêt de l’importation de gaz russe n’a pas provoqué la catastrophe annoncée par de nombreux économistes au printemps dernier, à savoir une entrée en dépression de l’industrie, allemande en premier lieu, provoquant une récession européenne. Le gaz stocké à l’automne a largement permis de passer l’hiver, d’autant plus que celui-ci a été plutôt doux. Cet apaisement des tensions se reflète dans les cours de marché du gaz. Le prix de marché du gaz naturel, qui avait culminé à 340 euros le mégawattheure en août 2022, est ainsi retombé à près de 50 euros. Le choc semble donc être derrière nous… En fait, il n’en est rien. Au contraire, ce choc énergétique risque même d’être durable.
« Avant la guerre en Ukraine, le prix du gaz évoluait autour de 20 euros le mégawattheure, relève Olivier Lluansi, associé chez PwC Strategy&. Après être monté à des sommets, il est aujourd’hui retombé à 50 euros. Mais il faut bien voir que ce niveau, 2,5 fois plus élevé qu’avant la crise, correspond à un prix d’équilibre, durable, pour ce marché. Il est lié aux conditions de production du gaz liquéfié, que nous importons notamment des Etats-Unis, et qui est au moins deux fois plus cher à produire et à livrer. » Or ce prix du gaz détermine celui de l’électricité, dans la mesure où la production électrique repose, en dernier ressort, une fois les autres sources...