Les investisseurs sont de plus en plus nombreux à anticiper une récession d’ici 2023, d’abord aux Etats-Unis, puis en Europe. Trois scenarios sont aujourd’hui envisageables. Si le plus favorable serait l’atterrissage en douceur de l’économie américaine, évitant la récession, l’hypothèse montante est celle d’une baisse modérée du PIB. Le troisième scénario serait celui d’une crise économique sévère.
Parlent-ils de la même chose ? Rarement le décalage aura été aussi grand entre le discours tenu sur la conjoncture par la communauté financière (économistes de marché, investisseurs…) et celui des experts officiels. Les premiers n’ont que le mot « récession » à la bouche, évoquant des craintes concernant d’abord les Etats-Unis mais aussi l’Europe. Les seconds, eux, tiennent des propos très rassurants sur des économies occidentales certes en ralentissement, mais qui devraient connaître un atterrissage en douceur (soft landing), avec une croissance beaucoup plus modérée que celle de 2021, permettant de ramener progressivement l’inflation à sa cible de 2 %. Ainsi, la Banque de France a-t-elle rendu publiques récemment ses nouvelles prévisions macroéconomiques, tablant sur une croissance française atteignant 2,3 % en 2022, puis 1,2 % en 2023, avant un redressement à +1,7 % en 2024. Même si les investisseurs convaincus par l’hypothèse d’une récession imaginent que celle-ci aurait lieu plus sûrement en 2023 qu’en 2022, ces prévisions officielles ne laissent pas de place à un tel scénario de baisse du PIB pendant au moins deux trimestres consécutifs.
De nombreux tâtonnements
Comment expliquer de tels écarts dans les anticipations ? Il est vrai que la situation économique actuelle déstabilise les observateurs de la conjoncture et plus généralement le monde économique et financier. Après quarante-deux ans de baisse puis de stabilisation de l’inflation à très faible niveau (le pic avait été atteint aux...