Une fois de plus, le niveau de la parité de l’euro face au dollar est accusé de freiner la reprise économique. Consciente du problème, la BCE semble vouloir agir rapidement. Sa marge de manœuvre est toutefois limitée, tant sur les leviers que sur l’impact à attendre d’une telle action.
«L’euro fort est un frein à la croissance.» Prononcés fin avril par le nouveau ministre du Budget, Michel Sapin, ces propos n’ont pas tardé à être corroborés par les résultats de plusieurs groupes français. Dans le cadre de leurs comptes trimestriels, Safran, Zodiac Aerospace, Michelin, Renault ou encore Schneider Electric ont en effet indiqué que leurs performances des trois derniers mois avaient pâti, comme lors de l’exercice 2013, du niveau trop élevé de la monnaie unique vis-à-vis notamment du dollar. Certes, le constat n’est pas nouveau en soi. Ce qui l’est, en revanche, c’est que ce sentiment est désormais partagé par la Banque centrale européenne (BCE). Lors de la précédente réunion de l’institution, le 3 avril, son président, Mario Draghi, a ainsi reconnu que la vigueur de l’euro était préoccupante. Depuis dix-huit mois, celui-ci s’est en effet apprécié de 10 % contre l’ensemble des monnaies. Face au dollar, la progression atteint même 15 %. Dépassant 1,38 dollar en fin de semaine dernière, l’euro culmine à son niveau le plus élevé depuis novembre 2011 !
Cette situation se révèle problématique à double titre. D’abord, «une augmentation de 10 % de l’euro face au dollar se traduit par un recul d’environ 0,4 point du taux d’inflation», a rappelé Mario Draghi, début mars. Or ce dernier est tombé, en mars, à 0,7 % sur un an. Un seuil très éloigné de la cible de 2 % de la BCE, qui renforce les inquiétudes quant à une déflation en zone euro. De l’avis de nombreux...