Confrontés à une crise extraordinaire, au sens strict du terme, les pays de l’OCDE n’avaient pas d’autre choix que de creuser les déficits et de s’endetter massivement pour panser les plaies de leurs économies secouées par le coronavirus. Reste à savoir si, la crise passée, ils sauront maîtriser le boom de la dette et relancer la création de richesses.
Pour les Européens, le conseil des chefs d’Etat et de gouvernement des 18 et 19 juin s’annonce comme un rendez-vous majeur. Presque existentiel. Il s’agit de garantir l’avenir de la zone euro, menacé par les effets de la pandémie de Covid-19 et le cortège de ravages économiques et sociaux qu’elle charrie avec elle. Le débat s’annonce houleux. Le 27 mai dernier, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a proposé aux vingt-sept d’emprunter ensemble 750 milliards d’euros et de redistribuer cet argent, sous la forme de subventions et de prêts, aux Etats les plus malmenés par la crise sanitaire, à commencer par l’Italie et l’Espagne, balayant ainsi le tabou de la mutualisation de la dette. Le plan de relance proposé par Bruxelles reprend les idées jetées récemment dans le débat par Paris et Berlin mais le plus difficile reste à faire : mettre tout le monde d’accord et convaincre en particulier ceux auxquels le seul mot de mutualisation donne de l’urticaire. Le fait que ce projet, et la philosophie qui le sous-tend, se heurtent à de fortes réticences, notamment (mais pas seulement) dans le nord de l’Europe, est en effet tout sauf une surprise. Un certain nombre d’Etats membres ne supportent pas l’idée de mutualiser la dette européenne, ce qui, dans leur esprit, revient à leur faire les poches pour aider les plus imprévoyants à garder la tête hors de l’eau, moyennant des centaines de milliards d’euros.
Les chiffres en effet donnent le vertige. Depuis que le...