En lançant une nouvelle vague d’opérations de financement ciblées à destination des banques et, surtout, en élargissant son programme de rachat d’actifs aux obligations corporate, la BCE devrait provoquer une baisse sensible du coût de financement des entreprises. Pour les spécialistes interrogés par Option Finance, il n’est pas exclu que les émetteurs de grande taille obtiennent même, comme certains états, des rendements négatifs sur le segment obligataire.
Après avoir fortement déçu les investisseurs en décembre dernier, la Banque centrale européenne se savait attendue au tournant. Face à un environnement macroéconomique difficile, marqué notamment par une baisse des indices de confiance des chefs d’entreprise en Allemagne, la publication d’un taux de croissance du PIB de la zone euro inférieur en 2015 aux prévisions de la Commission européenne (1,5 % contre 1,6 %) et une inflation annuelle de - 0,2 % en février, l’institution monétaire s’est montrée, jeudi dernier, particulièrement accommodante. «Alors que les marchés espéraient de nouvelles mesures, en particulier une nouvelle baisse de son taux de dépôt, la BCE est allée bien au-delà, constate Louis Harreau, économiste chez Crédit Agricole CIB. En ce sens, nous avons été assez surpris.» Un sentiment partagé par les investisseurs. «Nous n’avions pas anticipé des mesures de cette ampleur», confirme par exemple Thierry Sarles, responsable de la gestion de taux de CPR AM.
Un filet de sécurité pour les investisseurs obligataires
Si une baisse de plusieurs taux directeurs a été opérée, notamment le taux de refinancement et le taux de dépôt (voir encadré), trois décisions revêtent, aux yeux des observateurs, une importance majeure. Deux d’entre elles portent sur le programme de rachat d’actifs de la BCE, le «quantitative easing» (QE), lancé il y a un an. Jusqu’alors, 60 milliards d’euros de titres (obligations souveraines, parapubliques et supranationales, obligations sécurisées, produits titrisés de type ABS) étaient souscrits chaque...