En annonçant notamment un programme de rachats d’actifs privés et publics d’au moins 1 100 milliards d’euros, la Banque centrale européenne a dépassé les attentes des marchés. Destinée à éloigner les pressions déflationnistes, cette politique devrait surtout, selon les économistes interrogés par Option Finance, maintenir les taux d’emprunt à des niveaux historiquement bas et continuer d’affaiblir l’euro.
A mesures exceptionnelles, circonstances exceptionnelles. Fait inhabituel, c’est en effet avec plus de cinq minutes de retard sur l’horaire prévu que Mario Draghi, président de la BCE, a présenté, jeudi dernier, la stratégie de l’institution pour contrer les pressions déflationnistes dans la zone euro – le taux d’inflation annuel est tombé à - 0,2 % en décembre dernier – et relancer la distribution de crédit. Un contretemps rapidement pardonné par les marchés, qui n’ont pas manqué de saluer par un vif rebond des Bourses des annonces historiques. Pour la première fois, la BCE va en effet acheter des titres émis par des agences et institutions européennes.
Ces rachats s’ajouteront à ceux d’ABS et d’obligations sécurisées. L’institution centrale va en outre procéder à des souscriptions massives d’obligations souveraines, sans les limiter à celles d’Etats en difficulté (comme en 2010 avec le programme SMP) ou sollicitant une aide internationale (comme le prévoit le programme OMT présenté en 2012, mais jamais mis en œuvre). Seule limite : l’Eurosystème – c’est-à-dire la BCE et les banques centrales nationales – ne pourra pas détenir plus de 33 % de la dette d’un pays. L’ensemble des obligations gouvernementales libellées en euros pourront être rachetées – y compris celles de la Grèce –, à hauteur de la participation des pays au capital de la BCE – soit environ 18 % pour l’Allemagne, 14 % pour la France…
Des rachats opérés a minima jusqu’à fin 2016
Malgré les fortes attentes pesant sur elle, la BCE est parvenue à dépasser les...