Le conflit en Ukraine, en entraînant des hausses de prix supplémentaires, va affecter l’économie des pays européens à court terme. Mais il pourrait faire avancer l’intégration européenne, avec l’émergence de politiques énergétique et budgétaire communes, favorables à la croissance.
L’adage selon lequel l’Europe n’évolue vraiment que sous l’effet des crises se vérifie à nouveau. Confrontée à un conflit armé a priori inenvisageable, l’Allemagne a opéré le 27 février un revirement majeur de sa doctrine de Défense, en décidant d’un plan massif de 100 milliards d’euros d’investissement dans ses forces armées, en coordination avec la France, dans l’optique d’une défense européenne. Un plan qui traduit la volonté de constituer l’Europe en véritable puissance, ce qui supposerait aussi la mise en œuvre d’une politique énergétique commune, d’une véritable politique budgétaire… Il s’agirait là, autrement dit, d’un vrai tournant pour l’Europe. Annonçant ce revirement stratégique, le Premier ministre allemand, Olaf Scholz, s’est bien sûr inscrit dans le moyen-long terme.
En attendant que son discours se traduise en actes, la guerre en Ukraine, outre les drames humains qu’elle entraîne, est synonyme de nouveau choc pour les économies européennes. Certes, les économistes soulignent la faiblesse relative des liens économiques entre les pays de l’Union européenne et la Russie, ainsi que l’Ukraine. Ainsi, les exportations de la France vers la Russie représentent seulement 2,6 % des ventes hors UE et 0,3 % de la valeur ajoutée totale des entreprises hexagonales, souligne William de Vijlder, directeur de la recherche économique de BNP Paribas, dans une note récente. C’est encore moins à destination de l’Ukraine (0,5 % des exportations hors UE et 0 % de la valeur ajoutée). S’agissant de l’Allemagne, les données macroéconomiques font apparaître des relations un peu plus étroites, 4 % des exportations hors UE étant destinées à la Russie.