Alors que les taux d’intérêt souverains ont sensiblement remonté depuis un mois et demi, la BCE a prévenu que l’environnement resterait très volatil. Pour autant, les économistes estiment que ce mouvement haussier devrait s’inverser dans les prochaines semaines, sous l’effet notamment d’une accélération du programme de rachat d’actifs de la banque centrale.
Contre toute attente, la journée du mercredi 3 juin 2015 a pris les investisseurs à contre-pied. Alors qu’aucune annonce majeure n’était attendue dans le cadre de la réunion de la Banque centrale européenne (BCE), les propos de Mario Draghi ont suffi à provoquer des réactions brutales. «En quelques minutes, les taux des obligations souveraines ont vivement bondi, les titres allemands à dix ans grimpant par exemple de 16 points de base – contre généralement des décalages de quelques points –, signale Jean-François Robin, stratégiste chez Natixis. Cela faisait près de vingt ans que nous n’avions pas assisté à une telle augmentation sur le marché obligataire en l’espace d’une séance !» Conséquence d’un mouvement massif de vente de titres de la part des investisseurs, le Bund à dix ans est ainsi passé de 0,71 % à 0,88 %, tandis que les OAT françaises de même échéance se renchérissaient de près de 15 %, à 1,17 %.
Une évolution motivée par plusieurs facteurs. Bien que Mario Draghi ait signalé que les statistiques relatives à la croissance dans la zone euro étaient conformes aux attentes de la BCE – celle-ci table sur une hausse du PIB de l’Union monétaire de 1,5 % en 2015 –, le président de l’institution a admis qu’il avait escompté un rebond plus marqué. Interrogé ensuite sur le pic de volatilité ayant affecté le marché obligataire souverain depuis fin avril (voir encadré), il s’est contenté de déclarer que l’environnement de taux bas était de nature à favoriser une telle...