Si les investisseurs étrangers en Ukraine étaient conscients des risques présents par ce marché, la violence de la crise les a néanmoins surpris. Pour l'instant, les entreprises commencent à évaluer les effets de la dévaluation de la monnaie locale sur leur bilan et sur leur compte de résultat. Quant aux gérants qui ont pris des paris risqués sur la dette souveraine, ils restent attentistes.
«Jusqu’à présent, la crise politique et financière en Ukraine n’a pas fragilisé notre activité locale. Il n’est toutefois pas garanti que ce répit dure encore longtemps…» Pour ce directeur financier d’un groupe agricole français, l’inquiétude s’est accrue la semaine dernière, à mesure que les tensions, d’abord cantonnées à Kiev, se diffusaient à l’est du pays. Même si l’Ukraine ne représente pas un marché stratégique pour les entreprises françaises – selon le ministère des Affaires étrangères, les exportations françaises vers ce pays ne s’élevaient qu’à 1,06 milliard d’euros en 2012, tandis que les importations qui en proviennent n’atteignaient que 539 millions d’euros –, leur présence n’est pas, pour autant, insignifiante. «Une centaine de sociétés françaises sont en effet exposées à cette économie, constate Joël Paillot, directeur de l’arbitrage du groupe chez Coface. Elles opèrent essentiellement dans les secteurs de l’agriculture, de l’automobile, des fertilisants, des hydrocarbures et de l’électroménager.»
Un certain nombre d’entre elles subissent déjà les effets de la crise politique et, surtout, des craintes de risque de faillite du pays. «Depuis plusieurs semaines, les fournisseurs étrangers de notre filiale ukrainienne commencent à exiger des garanties financières apportées par la maison mère», témoigne ainsi le directeur financier d’un groupe industriel. Plus que la question des ventes réalisées en Ukraine, qui restent stables pour l’instant pour la plupart des...