La sortie annoncée d’une politique monétaire très accommodante a fait remonter les taux d’intérêt à long terme en Europe. Certains pays, comme l’Italie, s’en trouvent déjà affectés. La France bénéficie de conditions financières plus favorables, mais son lourd endettement public n’est pas sans risque.
Comme elle l’avait fait peu après son arrivée à la tête de la Banque centrale européenne, en déclarant que la BCE n’avait pas pour vocation de diminuer les écarts de taux d’intérêt entre pays de la zone euro, Christine Lagarde a créé la surprise, le 3 février. Alors que les marchés affichaient un calme absolu, à l’issue de la réunion du conseil des gouverneurs, ils ont été pris d’une soudaine agitation quand la présidente de la BCE a évoqué avec insistance le risque inflationniste, tout en refusant de confirmer qu’elle jugeait toujours « improbable » une hausse des taux directeurs de la Banque centrale européenne en 2022. Les investisseurs en ont immédiatement conclu que le loyer de l’argent augmenterait dès cette année, contrairement à ce qui était prévu. Le rendement de l’OAT 10 ans a progressé subitement d’un tiers, passant de 0,45 à 0,6 %. Il est désormais au-dessus de 0,7 %, niveau que Bercy anticipait pour la fin 2022.
Alors que, quelques jours avant la réunion de la BCE, des économistes mettaient en avant une supposée dichotomie entre les Etats-Unis, où la Fed s’active, et une Europe où régnerait le statu quo, la prise de parole de Christine Lagarde a clairement marqué une rupture dans le rythme de la normalisation de la politique monétaire européenne. Celle-ci devait être très graduelle, elle le sera, mais moins que prévu.
L’Italie déjà dans une zone dangereuse…
La hausse des taux longs qui a résulté du changement de ton de la BCE a eu pour effet de relancer les interrogations sur l’état des finances...