L’appréciation de l’euro enregistrée depuis le début de l’année face au dollar a surpris les sociétés, qui tablaient initialement sur un statu quo. Alors que de nombreux importateurs en ont profité pour mettre en place des protections à terme, les exportateurs sont quant à eux partagés sur l’attitude à adopter : attendre un éventuel recul de la parité pour se couvrir à de meilleures conditions ou jouer la carte de la prudence, quitte à payer une prime.
Pour les entreprises exposées à la parité euro-dollar, ce début d’année ressemble à un étrange remake de celui de 2017. Une fois de plus, elles ont en effet été prises à contre-pied par l’appréciation de la monnaie unique. Il y a un an, lorsque celle-ci était tombée de 1,15 à 1,05 dollar, beaucoup de groupes anticipaient pour l’exercice en cours une poursuite du mouvement de dépréciation, autour de 1 dollar.
«Mais entre avril et septembre, l’euro s’était sensiblement apprécié, jusqu’à 1,20 dollar, prenant au dépourvu de nombreux trésoriers qui ne s’étaient pas couverts en conséquence»,rappelle Alain Montaut-Girardeau, président de la commission risques de l’Association française des trésoriers d’entreprise. Alors que la devise européenne s’était ensuite stabilisée autour de 1,18 pendant le quatrième trimestre, la majorité des économistes tablaient pour 2018 sur une parité moyenne de 1,20 dollar. Dans ce contexte, la plupart des budgets 2018 ont ainsi été construits sur la base d’un cours de référence compris entre 1,18 et 1,20 dollar. Mais c’était sans compter sur l’accélération de la reprise économique dans la zone euro ainsi que sur les récentes déclarations du secrétaire au Trésor américain, Steven Mnuchin, qui a vanté fin janvier les mérites d’un dollar «plus faible» pour le commerce américain. Ces deux paramètres ont en effet entraîné un recul du billet vert : depuis le 1er janvier, celui-ci a ainsi aban...