Malgré un environnement économique difficile, la nouvelle correction boursière enregistrée sur les marchés en ce début d’année a de quoi surprendre par son ampleur. S’ils résultent d’arbitrages pris simultanément par des catégories très différentes d’investisseurs, les retraits de capitaux illustrent aussi la politique de réduction des risques des grands institutionnels. Pour autant, les gérants d’actifs n’ont pas modifié leur allocation fondamentale. Tous s’étonnent en outre du traitement réservé aux banques, trop sévère par rapport aux risques encourus.
Depuis le début de l’année, tous les marchés boursiers sont dans le rouge : le Cac 40 a perdu 9 %, l’Euro Stoxx 50, 12 %, le S&P 500, 7 %, le Nikkei 225, 16 %… L’importance de la décollecte témoigne bien des flux vendeurs. Selon les données mondiales compilées par EPFR depuis le début de l’année jusqu’au 12 février, les fonds ont enregistré des sorties massives de capitaux dans toutes les classes d’actifs risquées : - 47 milliards de dollars pour les actions américaines, - 13 milliards de dollars pour le high yield… En revanche, les produits de trésorerie et obligataires sécurisés ont cumulé d’importantes souscriptions : 39 milliards pour les fonds monétaires européens, 25 milliards de dollars pour les obligations américaines.
Certes, la macroéconomie moins porteuse de ce début d’année – baisse du prix du pétrole, ralentissement de la croissance en Chine et aux Etats-Unis – couplée aux incertitudes portant sur les politiques monétaires ont inquiété les investisseurs. Mais ces éléments ne justifiaient pas une telle panique. «La surréaction récente des marchés à la baisse comme à la hausse est tout à fait déraisonnable», indique Dominique Ceolin, président d’ABC Arbitrage. A tel point que de nombreux professionnels se sont demandé si de tels mouvements ne résultaient pas davantage de la nature de certains investisseurs que d’une analyse réellement fondamentale.
«D’un point de vue empirique, il est très difficile de déterminer qui sont les vendeurs sur les marchés, car nous n’avons aucun modèle à notre disposition pour effectuer cette analyse», indique Serge Darolles, professeur de finance à Paris-Dauphine.