Les petites et moyennes entreprises craignent que le nouveau cadre européen de facturation de la recherche financière défendu par l’ESMA pousse les analystes à toujours plus se détourner d’elles. Bon nombre de leurs dirigeants se verraient alors contraints de payer pour se faire évaluer.
«Depuis la crise, les petites et moyennes entreprises cotées sont de moins en moins suivies par les analystes financiers, constate Jean-Baptiste Bellon, président de la Société française des analystes financiers (SFAF). Alors que la situation actuelle est déjà alarmante, elle devrait encore se dégrader si les propositions du régulateur européen des marchés financiers (ESMA) sont adoptées dans le cadre de la directive européenne MIF 2.» La nouvelle législation européenne sur les marchés d’instruments financiers – qui doit entrer en vigueur en 2017 – devrait en effet obliger les sociétés de gestion à distinguer les frais de recherche financière et les commissions de courtage qu’elles facturent à leurs clients (voir encadré). Une mesure qui fait craindre à l’ensemble des acteurs de la place financière française une baisse significative du suivi des PME.«Cette séparation risque d’inciter certains investisseurs à refuser de payer ces coûts de recherche, qui seront alors assumés par la société de gestion, estime Caroline Weber, directrice générale de MiddleNext. Devant supporter de nouvelles charges, il est probable que bon nombre d’entre elles décident alors de recentrer leurs activités sur des valeurs plus rentables que les PME.»
Selon une étude de la société de gestion Arkeon publiée l’an dernier, seules 58 % des entreprises cotées sur le CAC small et sur Alternext étaient suivies par au moins un analyste en 2014, et à peine 33 % d’entre elles avaient réussi à attirer l’attention d’au moins deux spécialistes. De plus, le niveau de couverture des PME cotées a chuté de 20 % en France depuis 2007, alors qu’il est resté stable pour les valeurs du SBF 120… à 100 % !