Depuis le début de l’année, les taux d’intérêt des pays européens ont enregistré un recul sensible, au point que les rendements versés par les Etats périphériques sont en passe de tomber en dessous de ceux des Etats-Unis. Une tendance qui pourrait s’accélérer lors du quatrième trimestre, en raison du durcissement de la politique monétaire outre-Atlantique.
25 juin 2012 : l’écart entre les taux à dix ans de l’Espagne et des Etats-Unis atteint son plus haut niveau historique à 577 points de base (pb). Fin de la semaine dernière : ce même différentiel tombe à… 17 pb ! Cette tendance ne concerne pas uniquement, en Europe, le Royaume ibérique. Depuis le début de l’année, les taux des pays tant périphériques que cœur de la zone euro ont en effet baissé d’environ 35 %, atteignant ainsi leur plus bas niveau historique. Une évolution qui n’était guère anticipée par la plupart des économistes.«La diminution des rendements payés par la France et par l’Allemagne lors des sept premiers mois de l’année constitue une réelle surprise, puisque nous les attendions en légère hausse, témoigne Jean-François Robin, stratégiste chez Natixis. Quant à celles des taux périphériques, nous l’avions intégrée dans notre scénario macroéconomique. Toutefois, son ampleur dépasse nos prévisions.»
Une pression baissière sur les taux provoquée par les risques déflationnistes et la BCE
Pour autant, les spécialistes en taux jugent, ex post, cette dynamique en grande partie rationnelle. D’abord, la stabilité des taux américains a éloigné toute pression à la hausse sur les taux européens. «Historiquement, il existe une forte corrélation entre les taux de ces deux continents, rappelle Frederik Ducrozet, économiste chez Crédit Agricole CIB. Ainsi, dès que les rendements américains progressent, ceux du reste du monde suivent. Or le coût de financement des Etats-Unis ne s’est pas renchéri depuis le début de l’année.»D’autres paramètres sont venus affaiblir...