Depuis l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, les taux d’intérêt américains sont repartis à la hausse, entraînant dans leur sillage les taux européens. Si les économistes tablent sur une poursuite de cette tendance cette année, ils anticipent toutefois une appréciation modérée, n’affectant par ailleurs principalement que la partie longue de la courbe de taux.
Remontée éphémère pour les uns, tendance durable pour les autres. «Au sein de la communauté financière, c’est la grande interrogation du moment, observe Hervé Labbé, responsable de la commission financement-Bâle 3 au sein de l’Association française des trésoriers d’entreprise : le cycle de baisse des taux, entamé au début des années 1980 dans le monde, vient-il de prendre fin ?»
Depuis trois décennies, les taux d’intérêt ont en effet suivi une trajectoire baissière, jusqu’à basculer récemment en territoire négatif dans certaines régions du monde, en particulier en Europe. Un environnement exceptionnel qui, au cours des deux dernières années, a permis à la France de voir les rendements qu’elle verse aux investisseurs passer sous le seuil de 0 % sur des maturités allant jusqu’à neuf ans, tandis que les banques et plusieurs grands groupes parvenaient à se faire payer pour emprunter (Sanofi, Safran, Airbus, Veolia Environnement…) ! Mais depuis le début du quatrième trimestre 2016, cette dynamique semble s’être inversée (voir graphique). Par exemple, le taux français à 10 ans a plus que triplé sur la période, pour remonter à près de 0,80 % (0,18 % fin septembre 2016). Outre-Atlantique, le mouvement a également été très marqué, comme l’illustre le taux souverain américain à 10 ans, qui s’est apprécié de près d’un point, à 2,4 % (+ 60 %).
Une corrélation robuste
Tout est d’ailleurs parti des Etats-Unis et de l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche.
«La victoire du candidat républicain a créé un véritable choc sur le marché des taux, souligne Gilles Moëc, chef économiste chez Bank of America...