Grand débat

Dettes privées ESG : l’industrie confiante malgré la conjoncture

Publié le 21 octobre 2022 à 10h30

Sandra Sebag    Temps de lecture 33 minutes

Depuis le début de l’année, le marché de la dette privée corporate est beaucoup plus actif que celui de la dette publique, qui est en partie à l’arrêt. Le premier semestre a même enregistré des niveaux de transactions records. Cette classe d’actifs présente d’autres avantages pour les investisseurs comme celui de bénéficier de taux d’intérêt variables. Pour autant, les gérants sont devenus plus prudents en raison de la dégradation de la conjoncture. Ils ont renforcé leur communication avec les entreprises afin d’identifier en amont d’éventuelles difficultés. L’intégration des critères ESG constitue pour cette industrie un moyen d’améliorer la capacité d’adaptation des entreprises à court terme et aux enjeux de long terme.

  • François Tirmarche, responsable de la gestion de fonds de dette non cotée au sein de la direction des gestions d’actifs de la Caisse des dépôts
  • Isabelle Luy-Landès, responsable de l’équipe dette corporate de La Banque Postale Asset Management
  • Victoire Blazsin, directrice générale de Zencap Asset Management
  • Sandrine Richard, head of private debt en charge des activités de dette corporate privée directe et indirecte chez Generali Investments Partners (GIP)

Vous êtes spécialisés dans la gestion et la sélection des dettes privées. Quels sont vos encours sous gestion et sur quels segments intervenez-vous ?

François Tirmarche, responsable de la gestion de fonds de dette non cotée au sein de la direction des gestions d’actifs de la Caisse des dépôts : L’équipe de la Caisse des dépôts dédiée à la dette privée, qui investit exclusivement en fonds, poursuit son développement et intégrera cinq professionnels d’ici à la fin de l’année. Comme tous les gérants (une soixantaine) de la direction des gestions d’actifs, l’équipe est composée de gérants-analystes qui intègrent systématiquement les critères ESG. Elle intervient en collaboration avec l’équipe spécialisée dans le capital investissement et est appuyée, comme tous les gérants de la direction des gestions d’actifs, par une équipe de sept analystes ESG spécialisés. Nous sommes en train d’augmenter nos effectifs sur cette classe d’actifs car elle nous paraît stratégique. Nous envisageons à ce titre de placer entre 500 millions d’euros et un milliard d’euros par an sur les cinq prochaines années. Aujourd’hui, elle représente environ 3 milliards d’euros d’encours sous gestion majoritairement en dette émise par les entreprises (soit l’équivalent de 55 % des encours en dettes privées). Nous investissons dans la dette privée corporate à travers des fonds sélectionnés après des « due diligences » financières et extra-financières. Du point de vue des sous-jacents, notre programme d’investissement qui a démarré il y a une dizaine d’années concernait essentiellement la dette senior. Celle-ci étant entendue au sens large puisqu’elle intègre aussi maintenant la dette unitranche. Ce segment s’est beaucoup développé ces dernières années et nous semble particulièrement intéressant.

Isabelle Luy-Landès, responsable de l’équipe dette corporate de La Banque Postale Asset Management : Nous formons actuellement une équipe de 18 experts dans la dette privée et les actifs réels avec un encours sur l’ensemble des sous-jacents (immobilier, infrastructure et corporate) de 4,1 milliards d’euros. Nous sommes quatre gérants expérimentés dédiés à la dette corporate et nous sommes assistés par une équipe de portfolio-management de trois collaborateurs qui intervient dans le suivi des portefeuilles. Nous disposons aussi d’une cellule d’experts sur l’ISR qui nous accompagne pour chaque dossier dans la réalisation de due diligences extra-financières et dans les discussions avec les corporates pour la mise en place de critères extra-financiers. Notre activité de dette corporate non notée est en train de se diversifier à travers les financements structurés. Nous investissons déjà dans les « corporates loans » non notés jusqu’à 3,5 de leviers et sommes enfin en train de lancer une stratégie de dettes seniors avec un risque mesuré autour de 4 et qui relève de l’article 9 du règlement SFDR.

Victoire Blazsin, directrice générale de Zencap Asset Management : Nous nous sommes lancés dans la dette privée corporate en 2009, nous gérons à ce jour 2,4 milliards d’euros d’encours, mais ces chiffres sont amenés à grimper du fait du rapprochement des équipes du Groupe OFI et d’Aviva Investors France. D’ici la fin de l’année, nos encours sous gestion seront de l’ordre de 4 milliards d’euros et nous serons une quarantaine de collaborateurs dans l’expertise, sachant que nous sous-traitons toutes les fonctions supports au groupe. Notre équipe est donc dédiée à l’investissement, à l’ESG, aux risques et au développement. Aujourd’hui, Zencap est en mesure de répondre à l’ensemble des besoins à la fois en dettes seniors, en unitranche, en mezzanine, en financement corporate et en LBO. Nous intervenons aussi dans le cadre du financement en immobilier et en infrastructure. Nous sommes plus particulièrement présents sur le segment petites et moyennes capitalisations et nous agissons généralement en prêteur unique ou à travers des club deals, ce qui nous permet d’établir une relation de proximité forte avec l’emprunteur dans une optique de long terme. Nous sommes à la fois exigeants et bienveillants et proposons du sur-mesure. Cette relation de proximité nous permet aussi de mieux maîtriser nos risques financiers et extra-financiers.

Sandrine Richard, head of private debt en charge des activités de dette corporate privée directe et indirecte chez Generali Investments Partners (GIP) : Sur la partie dette privée, les encours sous gestion de Generali Investments ressortent à 12 milliards d’euros investis et 19 milliards d’euros avec les engagements au 30 juin 2022 et avec trois grands axes : 50 % des montants alloués sont investis dans la dette privée corporate avec ou sans sponsors, 25 % en infrastructures et le reste est réparti entre l’immobilier et une catégorie autre. En matière de dette privée corporate, nous disposons de deux grandes stratégies : une activité de fonds de fonds qui s’adresse plutôt à des fonds globaux de grande taille et une deuxième en cours de lancement sur de la dette privée corporate en direct. Sur cette dernière activité, la stratégie de financement en dette de dette senior, unitranche et mezzanine pour accompagner les petites et moyennes entreprises européennes souhaitant s’engager sur des objectifs ESG, est en cours de lancement. Sur l’activité indirecte, GIP dispose d’une équipe de huit personnes et sur l’activité directe, une équipe est en cours de constitution avec différentes implantations en Europe (en France, en Italie, en Allemagne et en Espagne). A terme, GIP a l’ambition de réunir une équipe d’investissement comprenant un peu plus d’une vingtaine de collaborateurs.

Quel est l’impact de la hausse des taux d’intérêt sur les dettes privées ?

Victoire Blazsin : Les actifs privés y compris la dette privée offrent une certaine inertie par rapport aux actifs cotés. Cela s’explique par les délais de réalisation des opérations qui peuvent durer plusieurs mois. Par conséquent, les deals qui sont mis en place actuellement ont été engagés il y a plusieurs mois et parfois avant le début de la guerre en Ukraine. Par ailleurs, pendant des années, les taux d’intérêt en dettes privées se sont peu resserrés alors que ceux sur les marchés cotés ont fortement diminué, il y a donc une certaine logique à ce que la dette privée soit aussi plus stable dans la hausse. Cela étant, depuis cet été, nous constatons un écartement des spreads. De même, aujourd’hui, la majorité de nos opérations se font avec un taux d’intérêt flottant, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. Cette situation est bien acceptée par les emprunteurs car en parallèle les banques ont réduit leur engagement en matière de financement ces derniers mois, ce qui explique par ailleurs aussi l’écartement des spreads. Ce retrait des banques nous ouvre une fenêtre d’opportunité en tant que prêteur en dette privée.

François Tirmarche

Responsable de la gestion de fonds de dette non cotée au sein de la direction des gestions d’actifs de la Caisse des dépôts

« Nous envisageons de placer entre 500 millions d’euros et un milliard d’euros par an sur les cinq prochaines années et sommes en train d’augmenter nos effectifs sur cette classe d’actifs qui nous paraît stratégique. »

Parcours

François Tirmarche est diplômé de la SFAF (analyse financière) et titulaire d’un DESS banque/finance. Il a débuté sa carrière en 1999 chez IXIS asset management comme chargé d’études, poste qu’il a ensuite occupé en 2001 chez Natexis AM où il est devenu gérant diversifié en 2003. De 2005 à 2012, il occupe le poste de gérant multigestion au sein de différentes sociétés de gestion. En 2012, il rejoint le Fonds de réserves pour les retraites (FRR) en tant que directeur d’investissement sur le crédit (IG et HY) US et euro et participe au lancement de l’activité de dette privée en 2013. Il intègre le groupe Caisse des dépôts en 2017, d’abord comme responsable adjoint de la gestion déléguée, des études et de l’ISR à la direction des retraites, puis en tant que responsable de ce périmètre en 2019 ; en 2022, il intègre la direction des gestions d’actifs comme responsable de la gestion de fonds de dette non cotée.

Chiffres clé

  • Effectifs dans l’expertise dettes privées : cinq au sein du département « gestion de fonds non cotés ».
  • Encours sous gestion dans les fonds de dettes privées, % dettes privées ESG, % dettes privées par rapport aux encours globaux : 3 milliards d’euros/100 % ESG/30 % de la gestion de fonds non cotés.
  • La philosophie d’investissement en quelques mots : stratégie de long terme, gestion responsable, développement des PME/ETI.

Isabelle Luy-Landès : Le premier semestre 2022 a été très actif en termes d’opérations par rapport à 2021, qui était déjà une année record. Sur les six premiers mois de l’année, plus de 150 opérations ont été menées en France auprès d’entreprises de taille moyenne. Ce marché a été beaucoup plus actif que celui des grandes capitalisations, qui lui est quasiment à l’arrêt depuis le début du conflit en Ukraine. Nous constatons très peu de nouvelles émissions, notamment sur le marché noté en catégorie high yield (HY) qui est devenu presqu’illiquide. La dette privée remplace ainsi parfois des opérations qui auraient dû être menées sur les marchés publics. Certaines opérations de financement qui auraient dû être lancées par des grandes capitalisations ont été réalisées dans le cadre de club deal en unitranche. Aujourd’hui, en France, nous constatons qu’il y a beaucoup de transactions qui prennent la forme d’un premier financement sous LBO. Les sociétés familiales ont fait entrer des fonds de capital investissement à leur capital en tant qu’actionnaire majoritaire ou en tant qu’actionnaire minoritaire afin de les accompagner dans le cadre d’une transmission ou sur des problématiques de transition digitale ou énergétique ou encore de réindustrialisation. En termes de pricing, jusqu’à la mi-juin, les spreads sont restés stables comme il s’agissait de transactions lancées sur le premier trimestre. Pour les transactions nouvellement lancées depuis mi-juin les spreads ont augmenté avec des leviers qui eux se sont réduits pour passer en moyenne en dessous de 4. Face à ce contexte délicat, nous faisons très attention à la documentation juridique et à ses clauses protectrices. Cette tendance concerne l’ensemble des acteurs du marché, nous constatons en effet que les process se sont allongés car les investisseurs procèdent à des due diligences encore plus poussées.

Sandrine Richard : Nous constatons effectivement une hausse des spreads depuis quelques semaines de l’ordre de 100 points de base sur l’unitranche, mais ce repricing (réévaluation des prix) devrait se rapprocher d’un plateau car l’Euribor est aussi en train d’augmenter. Une hausse de l’Euribor cumulée à un accroissement des spreads coûte trop cher aux émetteurs, qui pourraient de ce fait reporter des projets.

François Tirmarche : Le marché des placements privés a commencé à prendre son essor en 2013 en même temps que le retrait des banques du financement des PME. Il a été, comme la dette mezzanine, cannibalisé par l’unitranche notamment du fait de l’appétit des fonds de capital investissement pour ce type de financement. L’unitranche est un instrument rapide à exécuter, avec des termes flexibles et un dialogue facilité par l’intervention d’un prêteur unique ou d’un nombre réduit de prêteurs. Ce segment intègre des taux d’intérêt variables comme dans le cadre du financement bancaire. Les placements privés à taux d’intérêt fixes correspondent à une partie du marché en déclin. En tant qu’investisseur, nous sommes favorables à l’unitranche, mais cet instrument étant récent, notre vigilance porte sur la façon dont il est utilisé. Le prêteur doit avoir la capacité d’accompagner l’entreprise en particulier le jour où celle-ci fait face à des difficultés. Nous sommes très attentifs à ce critère. Du point de vue des conditions de marché, les repricings dépendent des secteurs. Les écartements se situent plutôt autour de 75 points de base en ce qui concerne les fonds dans lesquels nous sommes investis. Cependant, ces derniers possèdent des biais sectoriels vis-à-vis de secteurs résilients comme la santé, les logiciels, les services aux entreprises. En revanche, dans d’autres secteurs plus exposés à l’inflation et aux matières premières et sur lesquels nous sommes peu ou pas investis, le repricing doit être plus élevé. Cette hausse des rendements est par ailleurs favorable aux investisseurs.

Sandrine Richard : A propos de l’unitranche, il est intéressant de constater que plusieurs prêteurs peuvent intervenir maintenant sur ce type d’instrument, ce qui n’était pas le cas jusqu’à récemment. Une forme de syndication se met en place comme auparavant avec les banques. Les fonds de dette privée ont beaucoup grossi en termes d’encours, ils peuvent de ce fait acquérir des créances unitranches et les répartir ensuite entre plusieurs prêteurs. Ce type de stratégies permet de soutenir les entreprises lorsque la conjoncture est plus difficile, tout en maintenant une diversification du fonds adéquate.

Victoire Blazsin : Le soutien aux entreprises constitue un élément essentiel de notre activité. Tous nos fonds conservent de la « poudre sèche » pour être en mesure de négocier en cas de restructuration. Les entreprises choisissent de l’unitranche pour des raisons déjà citées comme la facilité d’exécution, mais elles regardent aussi la capacité des créanciers à les accompagner dans le temps à la fois quand cela va bien et si jamais cela tourne mal.

Sandrine Richard : L’autre changement important à noter réside dans le fait que l’unitranche n’exclut plus systématiquement les banques. Ces dernières peuvent intervenir afin de compléter les financements. Nous remarquons aussi que certaines banques montent leurs propres fonds de dettes unitranches afin d’accompagner leurs clients.

Isabelle Luy-Landès

Responsable de l’équipe dette corporate de LBPAM

« Le premier semestre 2022 a été très actif en termes d’opérations par rapport à 2021, qui était déjà une année record. La dette privée remplace parfois des opérations qui auraient dû être menées sur les marchés publics. »

Parcours 

Isabelle Luy-Landès dispose de 27 années d’expérience dont 22 années dans les financements corporate en banque et asset management. Elle a rejoint LBPAM en septembre 2021 pour prendre la responsabilité de l’équipe dette privée corporate. Après avoir débuté sa carrière en 1995 en tant qu’auditrice externe chez Pricewaterhousecoopers pendant trois ans, Isabelle a officié à la direction financière de la DZ Bank à Francfort. Elle a ensuite travaillé pendant 13 ans en tant que chargée d’affaires senior chez IKB Deutsche Industriebank AG à Paris, sur les financements d’acquisition et LBO. En 2013, Isabelle a rejoint l’équipe de leveraged loans & private debt d’AXA Investment Managers où elle a occupé un poste de senior investment analyst pendant huit ans. Elle est diplômée de l’ESCP et Diplomkauffrau de la Technische Universität en 1995.

Chiffres clé

  • Effectifs dans l’expertise dettes privées : une équipe d’experts seniors en dette corporate, de quatre gérants analystes, constituée depuis 2012.
  • Encours sous gestion : huit fonds lancés (dont un fonds de relance), une centaine d’entreprises accompagnées et 1,75 milliard d’euros investis.
  • Historique de performance sur un des fonds phare : en juin 2022, LBPAM a lancé son 8e fonds LBPAM Midcap Senior Debt, classé article 9 selon le règlement SFDR. Son objectif : accompagner les entreprises investies dans l’accélération de leur transition vers une économie plus durable. L’expertise en matière d’ISR repose sur un historique de performance solide et conséquent : 95 % des investissements de la dernière stratégie intègrent des critères ESG dans la documentation juridique.
  • Philosophie d’investissement en quelques mots : la stratégie s’appuie sur une capacité d’origination de premier plan, avec un sourcing multicanal : celui de l’équipe de dette privée corporate et de La Banque Postale qui se distingue par son ancrage territorial fort. Notre approche de gestion conservatrice prend tout son sens dans le contexte actuel. Le risque est mesuré autour de plusieurs points : des investissements uniquement dans la dette senior sécurisée, un niveau de leverage encadré, des convenants financiers et des documentations juridiques protectrices.

François Tirmarche : Initialement l’unitranche était conçu comme un outil concurrent au financement bancaire. Mais les banques se sont rendu compte que le succès de cet outil s’était fait à leur détriment. Dorénavant, les banques interviennent aussi en complément de l’unitranche sur des financements à court terme qu’elles sont les seules à pouvoir proposer. Certes, ce financement unitranche coûte plus cher, mais il constitue aussi une alternative aux fonds propres plus onéreux. Par ailleurs, compte tenu de la hausse des coûts de financement, il faut s’attendre à des refinancements moins fréquents qu’au cours des dernières années.

Quel est l’impact de l’inflation ?

Sandrine Richard : Le rendement de la dette privée étant souvent composé de taux flottant, le risque de duration lié à la hausse des taux est moindre pour les investisseurs de cette classe d’actifs.

Victoire Blazsin : Tout dépend des projections à moyen/long terme. Avec une hausse des prix de 10 %, même des taux d’intérêt flottants n’apportent pas une protection vis-à-vis de l’inflation compte tenu de l’impact potentiel sur l’activité des entreprises elles-mêmes, mais ces niveaux ne nous semblent pas durables. Par ailleurs, l’impact de l’inflation doit aussi s’évaluer vis-à-vis de la capacité des entreprises à y résister. Peuvent-elles retransmettre la hausse des coûts ou les subissent-elles ? Utilisent-elles de façon intensive de l’énergie ? Produisent-elles au contraire de l’énergie renouvelable ? Leur business plan est-il capable de résister à un environnement sans croissance et avec de l’inflation ? Nous devons être vigilants vis-à-vis de la capacité des entreprises à résister au nouvel environnement macroéconomique.

Selon vous, faut-il s’attendre à une récession et quelles seraient les conséquences pour la classe d’actifs en termes de taux de défaut ?

Isabelle Luy-Landès : La hausse des taux d’intérêt devrait mécaniquement engendrer un accroissement du taux de défaut. Cependant, ce dernier est pour l’instant à un niveau historiquement bas. Nous n’anticipons pas une vague massive de faillites. Certes, l’hiver va être difficile en termes de gestion de l’approvisionnement en énergie, mais la normalisation devrait intervenir dès le deuxième semestre 2023. Les mesures budgétaires prises au niveau européen devraient aider les entreprises et éviter une récession massive. En ce qui nous concerne, les entreprises que nous finançons vont bien, elles sont sorties renforcées de la crise Covid, sont devenues plus agiles et disposent du cash nécessaire pour faire face à une éventuelle récession. Il y aura forcément dans nos portefeuilles des entreprises dont le levier va augmenter afin de financer la hausse des factures énergétiques, mais nous n’anticipons pas de défaut.

François Tirmarche : Il est évident compte tenu du contexte que les défauts vont augmenter. Il est important de rappeler que les entreprises ciblées sont généralement de taille moyenne avec de ce fait peut-être des fragilités. Mais elles se situent par ailleurs dans des secteurs en croissance et sont généralement accompagnées par des fonds de capital investissement dont nous attendons qu’ils prennent leurs responsabilités. Ils se doivent de soutenir les entreprises dans les périodes difficiles. Rappelons par ailleurs que le défaut est inhérent au monde du crédit. Ce n’est pas tant l’exposition à un défaut qui est importante, mais plutôt le risque de perte. Il est possible d’essuyer un défaut sans pour autant réaliser de perte en capital en laissant du temps à l’entreprise pour s’ajuster. Nous sélectionnons les équipes de gestion en fonction justement de leur capacité à accompagner sur une longue période les entreprises qui ont besoin de s’adapter.

Sandrine Richard : L’environnement économique se dégrade au niveau mondial. Toutes les entreprises seront impactées à différents niveaux : hausse du taux de défaut, diminution de la croissance du chiffre d’affaires, réduction de la profitabilité, de la génération de cash, etc. Les fonds de venture capital qui constituent des indicateurs avancés de la conjoncture réclament actuellement non plus de la trésorerie sur 12 mois, mais plutôt sur 18 mois voire 24 mois.

Faut-il ajuster les portefeuilles en évitant certains secteurs, par exemple, ou faut-il renforcer les due diligences ?

Victoire Blazsin : Nous sommes particulièrement prudents sur la pertinence et le réalisme des business plans et sur la capacité d’adaptation des entreprises. Elles doivent engager une transition énergétique, digitale, ESG et faire face aux nouveaux enjeux économiques. Il est important de souligner que sur le segment des petites et moyennes capitalisations, la qualité du management est encore plus déterminante. Nous avons par exemple récemment financé une entreprise dans le secteur du voyage qui a réussi par son business model, son agilité numérique à passer sans encombre la période délicate des confinements. Nous n’excluons ainsi aucun secteur pour des raisons macroéconomiques, même si nous exprimons des préférences qui vont simplement influencer nos exigences vis-à-vis des entreprises. In fine, une entreprise avec un bon management et une grande capacité d’adaptation même dans un secteur difficile passera mieux la crise qu’une entreprise médiocre dans un secteur en forte croissance. Il est important dans ce cadre que les entreprises puissent disposer des capacités de financement adéquates, et de notre côté de nouer des liens de proximité qui nous permettent d’agir en amont dès les premières difficultés. A titre d’exemple, nous arrivons mieux à accompagner les entreprises lorsque nous disposons d’un poste de censeur dans la gouvernance. Cela nous permet d’anticiper les problèmes éventuels.

François Tirmarche : Au travers des fonds dans lesquels nous sommes investis, nous possédons un biais sur des secteurs traditionnellement porteurs comme la technologie et les logiciels. Ils sont résilients et moins exposés à l’inflation. Nous sommes aussi exposés au secteur de la santé. La dette privée est une classe d’actifs non liquide, qui requiert de se projeter sur un horizon de temps tel qu’il faut pouvoir passer des cycles. A ce titre, notre travail de diligence des fonds approfondit le track record des gérants et leur consistance dans le temps. Il est donc important de disposer d’une relation régulière pour bien suivre les portefeuilles et le cas échéant faire évoluer notre sélection de fonds de façon à maintenir un bon niveau de diversification.

Sandrine Richard : Les décisions d’investissement se font sur longue période et après des due diligences poussées. Les changements actuels n’ont pas conduit GIP à modifier significativement ses process. En revanche, des échanges sont réalisés plus souvent avec les gérants pour collecter des informations, comprendre comment ils réagissent, comment ils adaptent leur déploiement au contexte géopolitique. Aussi, le rythme de déploiement est plus lent.

Sandrine Richard

Head of private debt en charge des activités de dette corporate privée directe et indirecte chez Generali Investments Partners (GIP)

« Nous constatons une hausse des spreads depuis quelques semaines de l’ordre de 100 points de base sur l’unitranche, mais ce repricing se rapproche d’un plateau car l’Euribor est aussi en train d’augmenter. »

Parcours 

Avec plus de 25 ans d’expérience dans l’investissement et le développement commercial dans le secteur de la gestion d’actifs au niveau européen, Sandrine Richard a été récemment nommée responsable des activités de dette corporate privée directe et indirecte de la dette au sein de Generali Investments Partners. Précédemment, Sandrine a travaillé pour Muzinich, où elle a dirigé la stratégie européenne et française de dette senior sécurisée et privée dans des postes de direction, contribuant au lancement et à la gestion de fonds de dette privée avec des processus ESG rigoureux. Auparavant, elle a occupé des postes de direction chez AXA Investment Managers pendant 10 ans, notamment à la tête de l’équipe d’investissement en dette privée, et a été analyste sell-side actions pendant sept ans, notamment chez Exane. Sandrine est titulaire des certifications CESGA (certified environmental, social and governance analyst), CAIA (chartered alternative investment analyst) et CFAF (Centre de formation à l’analyse financière), en plus d’avoir obtenu un executive master administrateur indépendant de l’EM LYON, et un diplômé de l’Institut supérieur de gestion (ISG) Business School.

Chiffres clé

  • Effectifs dans l’expertise : 12 employés à fin septembre 2022 au sein de l’activité corporate private debt, dont 4 employés en dette privée directe, équipe européenne en cours de constitution.
  • Encours sous gestion : 7,3 milliards d’euros de capitaux déployés à fin juin 2022.
  • Historique de performance d’un des fonds phares : L’activité de dette privée corporate de Generali Investments Partners se compose de deux grandes familles de stratégie : une stratégie « indirecte » investissant dans des fonds externes de dettes privées avec un objectif de marge brute flottante + 6 % à 7 % et en cours de constitution, une stratégie « directe » souhaitant proposer des financements senior à des petites et moyennes entreprises européennes avec un objectif de marge brute d’Euribor 3 mois + 5 % à 6 %.
  • Philosophie d’investissement en quelques mots : sur l’activité « indirecte », la philosophie d’investissement repose sur une stratégie de « buy-and hold » investissant dans de larges fonds de dettes privées globaux offrant une diversification en termes d’instrument de dette, de taille d’émetteurs et de zones géographiques (les continents américains et européens, principalement). Sur l’activité « directe » en cours de développement, la philosophie d’investissement suivra une stratégie de « buy and hold » et aura vocation à proposer des instruments de dettes privées (dette senior, unitranche et mezzanine) pour accompagner les petites et moyennes entreprises européennes souhaitant s’engager sur des objectifs ESG.

Les investisseurs arbitrent-ils en faveur des actifs cotés ?

François Tirmarche : Il est certain que nous nous interrogeons depuis deux mois d’un point de vue tactique sur l’opportunité d’arbitrer très partiellement nos nouveaux investissements vers les actifs cotés, mais cela restera très partiel et conjoncturel car nous conservons notre conviction de long terme sur les actifs non cotés, indispensables dans l’allocation d’actifs d’un investisseur de long terme. Comme il vient d’être souligné, nous pouvons prendre le temps de l’analyse avant d’investir dans des fonds d’actifs non cotés, d’évaluer ce qui se passe sur les marchés, de prendre des positions tactiques, d’aller chercher des points d’entrée sur les marchés qui sont très attractifs du fait de leur rendement actuel et de leur liquidité. Il y a vraisemblablement un peu d’exagération dans les corrections enregistrées ces derniers mois sur les marchés cotés.

Sandrine Richard : Le groupe Generali est convaincu de l’intérêt des actifs non cotées, mais d’un point de vue tactique des arbitrages peuvent être intéressants en ce moment en faveur des taux fixes. D’ailleurs, l’un des principaux compétiteurs de la dette privée est certainement actuellement la dette souveraine.

Victoire Blazsin : Pendant des années les actifs non cotés ont prévalu en termes de recherche de rendements, mais ils possèdent aussi d’autres mérites comme le traitement réglementaire, une plus faible volatilité et la capacité à faire de l’ESG de façon plus poussée, de mettre en œuvre des process de gestion qui offrent un impact sur l’économie réelle, de financer les PME et les ETI. Les fondamentaux de la classe d’actifs restent solides.

Sandrine Richard : Les actifs non cotés apportent aussi de la diversification aux portefeuilles de long terme.

Comment prendre en compte les critères ESG dans cette classe d’actifs ? Quelles sont les spécificités ?

François Tirmarche : S’il y a bien une classe d’actifs qui se prête à l’intégration de l’ESG c’est la dette privée en raison de la nature du sous-jacent. Nous disposons d’un vrai levier auprès des entreprises de taille petite et moyenne. Il est plus utile d’inciter les entreprises à adopter de bonnes pratiques quand elles sont à un stade encore récent de leur développement plutôt que lorsqu’elles sont matures et plus difficiles à faire évoluer. Les grandes entreprises, de leur côté, sont toutes en train d’adopter une démarche RSE, mais parfois sous la contrainte, pas forcément par conviction. De plus, il est plus difficile de modifier l’organisation et les process des grandes entreprises que des plus petites qui sont par nature plus agiles. A contrario, elles disposent de moins de moyens, mais nous avons une responsabilité en tant qu’investisseur. C’est dans ce domaine qu’intervient la possibilité de variation des marges de rendement conditionnées à l’atteinte d’objectifs extra-financiers (ESG), et nous sommes prêts à sacrifier une petite partie du rendement afin d’inciter les entreprises à fournir des efforts. Nous constatons d’ailleurs à la lumière de la crise actuelle que les entreprises, qui ont pris à bras-le-corps le sujet du climat, des émissions de carbone et donc de la consommation d’énergie, souffrent moins de l’augmentation des prix de l’énergie que les autres. Par ailleurs, le taux de chômage étant relativement modéré partout dans le monde, il faut disposer d’une politique sociale en termes de parité des équipes et de rémunération afin d’attirer et de conserver les talents. Je suis plus généralement convaincu que chaque crise constitue une occasion de renforcer la prise en compte des facteurs ESG par les entreprises. En ce qui concerne nos méthodologies proprement dites, nous insistons sur tous les critères, mais nous leur donnons une pondération différente selon les secteurs. Une entreprise dans le secteur du logiciel est moins concernée par les critères environnementaux qu’une entreprise industrielle, même si les émissions indirectes de carbone ne sont pas à négliger dans la technologie. La gouvernance constitue aussi un critère très important pour les entreprises, lorsque celle-ci est équilibrée, elles ont alors la capacité de se remettre en question et d’avancer en cas de difficulté. La différence entre la dette privée et les autres classes d’actifs réside peut-être dans la fixation d’objectifs, ces derniers doivent être réalistes et adaptés à la taille des entreprises. D’un point de vue pratique enfin, nous ne regardons plus les fonds qui ne relèvent pas a minima de l’article 8 du règlement SFDR. Nous sommes très ouverts et intéressés par les fonds relevant de l’article 9, mais nous sommes vigilants avec les définitions retenues.

Victoire Blazsin : En ce qui nous concerne, nous possédons une approche relativement restrictive des fonds article 9. Les diligences ESG sont de notre point de vue les mêmes à appliquer dans un fonds article 8 et dans un fonds article 9, mais dans les seconds, il faut de surcroît rechercher un fil conducteur commun en matière de durabilité. De ce point de vue, il est probable que cela restreigne le « sourcing » (sélection de projets) à des secteurs en particulier. Nous avons lancé un fonds de dette privée article 9 sur des thématiques liées aux infrastructures. Il est plus évident de trouver dans cette classe d’actifs un fil conducteur autour de la transition durable, des économies d’énergie etc. Il est possible de le faire aussi dans le cadre de fonds de dettes privées corporates, mais cela nous semble plus complexe. En matière de fonds éligibles à l’article 9, nous nous faisons accompagner par des spécialistes de la durabilité en amont sur la définition et en aval sur le suivi afin de nous assurer que chaque investissement correspond bien à l’objectif fixé et que nous sommes en mesure de quantifier l’impact. Cette démarche nous a fait progresser sur l’ensemble de nos fonds y compris sur les fonds article 8 dans la façon d’appréhender les due diligences ESG ou encore la notion d’impact.

Isabelle Luy-Landès : Nous disposons d’une équipe de huit personnes spécialisée dans l’analyse ESG qui nous accompagne au quotidien dont un expert entièrement dédié aux actifs réels. La prise en compte des facteurs de durabilité dans nos décisions d’investissement s’appuie sur un outil de notation propriétaire déployé depuis de nombreuses années et en constante évolution depuis. Nous sommes dans cette perspective très sélectifs. Nous réalisons des due diligences avant chaque opération qui s’accompagnent d’entretiens avec le management pour clarifier leurs pratiques ISR. Notre nouveau fonds ambitionne de réaliser des investissements durables en favorisant aussi bien la thématique sociale que la thématique climat et ce au cas par cas en fonction de la pertinence du secteur et de l’entreprise. Une société de services par exemple aura des objectifs de décarbonation moins importants qu’une entreprise industrielle compte tenu de leurs émissions respectives. Nous apportons aux entreprises notre capacité d’accompagnement en leur proposant notamment des critères adaptés sur la base de comparables. Dans notre dernier fonds par exemple, 95 % de nos investissements intègrent des critères extra-financiers dans la documentation juridique, dont 68 % possèdent trois critères et 32 % possèdent deux critères. Ces derniers portent essentiellement sur les ressources humaines et sur les émissions de carbone.

Victoire Blazsin

Directrice générale de Zencap Asset Management

« Les entreprises sont demandeuses d’un accompagnement en matière d’ESG. D’ailleurs, pour nous, la proactivité des entreprises en matière d’ESG constitue un signal positif. »

Parcours

Victoire Blazsin a fondé en 2009 avec deux autres associés, Richard Jacquet et Thomas Piget, Zencap AM, filiale dédiée à la dette privée au sein du groupe OFI, dont elle est directrice générale. Elle a notamment lancé avec l’équipe d’investissement, dont elle fait partie, différents fonds investissant en dette junior, mezzanine, OBSA, etc. Auparavant, elle a passé six ans chez Natixis en crédit structuré et un an chez HSBC-CCF Financial Products. Victoire Blazsin dispose de 20 ans d’expériences au sein de l’univers du crédit, du financement structuré et de la gestion d’actifs non cotés. Victoire est ingénieur civil de l’Ecole des mines de Paris et est diplômée de l’Université Paris-Dauphine.

Chiffres clé

  • Effectif dans l’expert dette privée : 28 personnes en investissement en dette privée (au 1er janvier à la suite de l’acquisition par Zencap de la branche dette privée d’Aviva Investors France, approbation réglementaire en cours).
  • Encours sous gestion dans les fonds de dettes privées, % dettes privées ESG, % dettes privées par rapport aux encours globaux : 4 milliards d’euros d’encours au 1er janvier à la suite de l’acquisition par Zencap de la branche dette privée d’Aviva Investors France (approbation réglementaire en cours). Zencap fait uniquement de la dette privée.
  • Historique de performance sur un des fonds phare : Fonds Rebond Tricolore lancé à l’été 2020 pour soutenir une relance durable en France après la crise Covid. Le fonds investit en unitranche et junior principalement sur des entreprises françaises et cristallise un rendement cible à fin septembre > 7 %.
  • La philosophie d’investissement en quelques mots : Zencap est un « one-stop-shop » du financement privé, capable de s’adapter à la diversité des entreprises et de leurs besoins : senior, unitranche, mezzanine, aussi bien en financement corporate que sur des actifs réels (immobilier et infrastructure). Il intervient plus particulièrement sur le segment small et midcap, généralement seul prêteur ou en club-deal. Ce positionnement permet de nouer une relation de proximité avec l’entreprise à la fois pour anticiper et gérer au mieux les éventuelles difficultés et pour mettre en œuvre une approche ESG tout au long de la vie du financement.

Sandrine Richard : L’activité de dettes privées spécialisée dans les infrastructures de Generali Investments possède des fonds éligibles à l’article 9. Nous ne possédons pas encore de fonds article 9 dans la multigestion de fonds de dettes privées corporates, mais seulement des fonds de fonds article 8. Par ailleurs, ce type de sélection pose la problématique de la diversification géographique. Il est plus difficile de trouver des fonds éligibles à la réglementation européenne investis aux Etats-Unis ou en Asie. Dans le cadre de l’activité de prêts aux entreprises en direct (direct lending), GIP n’a pas encore lancé de fonds, la question du choix du format se pose actuellement (article 8 ou article 9). Si l’article 9 est privilégié, GIP pourrait être limités en termes de secteur et donc peut-être moins sélectifs vis-à-vis des projets de financement, ce qui n’est pas dans l’intérêt des investisseurs. Notre deuxième questionnement porte sur le risque de requalification en article 8 du fait des évolutions en cours en matière de taxonomie européenne. Nos réflexions sont actuellement ouvertes.

Victoire Blazsin : De notre point de vue, nous ne devons pas être moins rigoureux en matière d’ESG dans le cadre d’un fonds éligible à l’article 8 que dans un fonds éligible à l’article 9. La différence entre les deux portant sur l’existence d’un fil rouge en matière de durabilité dans le cadre de l’article 9. Aujourd’hui, toute la difficulté réside dans le fait que ces fonds sont classés sur une base déclarative, il n’existe pas de label qui puisse valider les approches retenues par les gérants. Cela complexifie le travail de due diligence à mener par les investisseurs pour distinguer les bons élèves des autres.

François Tirmarche : Nous nous posons les mêmes questions à propos du cadre réglementaire non mature ou sur le fait que les fonds articles 9 possèdent des biais sectoriels. Nous regardons toujours avec bienveillance un fonds qui se présente comme un article 9, mais nous veillons à être confortables vis-à-vis des objectifs fixés et des moyens associés. Il existe pour l’instant très peu de fonds dans la dette privée corporate article 9, en revanche, nous savons que certains gestionnaires y travaillent activement dans le cadre de l’unitranche. Il est encore trop tôt pour savoir comment ce segment va évoluer car les fonds unitranche doivent posséder un encours relativement élevé pour être suffisamment diversifiés. Nous sommes par ailleurs très vigilants sur les méthodes employées qu’il s’agisse de fonds article 9 ou 8 car le risque de requalification existe et n’est pas perçu de la même façon par tous les acteurs.

Isabelle Luy-Landès : En tant que gestionnaire d’actifs, il est de notre rôle d’accompagner les entreprises dans leur démarche ESG, de les sensibiliser à ces sujets. Nous avons conscience que tout n’est pas parfait, mais il faut avancer dans le bon sens. Nous disposons de l’expertise et des outils pour le faire ainsi que de l’expérience terrain. Par ailleurs, le retour des entreprises vis-à-vis de ce type d’accompagnement est très positif y compris vis-à-vis de la politique de communication interne. Une démarche ESG permet en effet d’embarquer tous les collaborateurs ainsi que les parties prenantes des entreprises.

Victoire Blazsin : Nous pouvons aussi témoigner du fait que les entreprises sont demandeuses d’un accompagnement en matière d’ESG. D’ailleurs, pour nous, la proactivité des entreprises en matière d’ESG constitue un signal positif. Nous ne financerons pas une entreprise qui affiche des réticences vis-à-vis de l’ESG.

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