Arkéa Asset Management, qui regroupe désormais les différentes expertises du groupe Crédit Mutuel Arkéa dans le domaine de la gestion d’actifs*, propose notamment des solutions pour investir dans la dette privée. Kevin Lechartier, directeur dette privée corporate, et Alexis Sarrazin, directeur de la plateforme infrastructure transition, expliquent l’approche de gestion sur cette classe d’actifs.
Pouvez-vous présenter l’expertise d’Arkéa Asset Management en matière de dette privée ?
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Alexis Sarrazin : Cette activité est gérée par une équipe de 12 professionnels à travers deux plateformes qui interviennent sur des projets en lien avec l’économie réelle : une plateforme de dette privée corporate qui finance des PME-ETI françaises principalement et une plateforme de dette infrastructure dont les investissements sont centrés sur les projets et entreprises contribuant aux transitions énergétiques et digitales en Europe. Elles ont, à elles deux, levé et investi environ 3 milliards d’euros au cours des 10 dernières années. Il convient toutefois de préciser que l’empreinte totale d’Arkéa Asset Management sur ce segment de la dette privée est plus large, de l’ordre de 6 milliards d’euros, si l’on tient également compte des investissements dans des fonds externes gérés sur ces segments de marché.
Quels sont les points communs entre ces deux plateformes ?
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Kevin Lechartier : Le fil conducteur de l’ensemble des activités de dette privée est l’ESG, en ligne avec la raison d’être du Crédit Mutuel Arkéa, qui a opté dès 2022 pour le statut d’entreprise à mission.
Les deux plateformes s’appuient sur l’équipe interne dédiée à l’ESG, composée de sept professionnels, pour l’étude des dossiers en amont (analyse de la double matérialité), pour leur sélection, pour le suivi des investissements et l’accompagnement des entreprises financées (mise en place et surveillance des indicateurs clés de performance), ainsi que pour l’établissement des reportings ESG.
Plus spécifiquement, quelle est votre approche pour investir dans les infrastructures ?
Alexis Sarrazin : Nous retenons une approche conservatrice de la définition des infrastructures, à savoir leur caractère essentiel, contractualisé (pour la récurrence et la stabilité des revenus), contracyclique, de long terme, etc., tout en cherchant des primes de rendement conséquentes par rapport à la dette cotée de notation équivalente, et même en ligne avec l’equity infrastructure « core ».
Nos investissements ciblent ainsi, à l’échelle européenne, les secteurs qui contribuent à la transition énergétique et digitale, par exemple les énergies renouvelables, l’efficience énergétique, les mobilités électriques, la fibre et les data centers. Il s’agit là des secteurs les plus dynamiques, qui concentrent à eux seuls plus de la moitié des investissements actuels dans le marché de l’infrastructure en Europe.
Nous proposons deux types de stratégies complémentaires en termes de profil rendement/risque : une stratégie core/ équivalent BBB- de dette senior et une stratégie à impact/équivalent BB investie sur la dette junior, les deux stratégies étant article 9.
Au total, les équipes de la plateforme infrastructure transition ont investi 1 milliard d’euros au cours des 13 dernières années, à travers 52 investissements dans huit pays, sans connaître aucun défaut de paiement.
Et en ce qui concerne la dette corporate ?
Kevin Lechartier : De notre côté, nous ciblons surtout les PME et ETI françaises à travers tout le territoire, qui réalisent entre 5 et 20 millions d’euros d’Ebitda et qui se trouvent à un moment clé de leur développement (croissance externe, recomposition capitalistique, investissement significatif à réaliser, etc.) se traduisant par un besoin de diversifier leurs sources de financement au-delà des financements bancaires traditionnels.
En plus de 10 ans d’activité, nous avons accompagné plus de 150 entreprises à travers deux types de stratégies. Notre activité originelle est axée sur les financements seniors aux côtés des prêteurs bancaires, dans une logique d’accompagnement. Depuis quatre ans, nous nous intéressons également à la dette subordonnée/mezzanine, qui a le double mérite de générer un rendement plus important pour l’investisseur – en contrepartie d’un risque plus élevé – tout en élargissant les options de financement pour les entrepreneurs sans pour autant être dilués.
Compte tenu de notre engagement en matière d’ESG précédemment évoqué, nous cherchons à soutenir des entreprises qui favorisent les créations d’emplois sur le territoire national.
Le marché de la dette privée s’ouvre progressivement aux investisseurs particuliers. Avez-vous des projets en ce sens ?
Alexis Sarrazin : Nous travaillons activement sur le sujet afin de proposer à la clientèle retail un fonds qui reproduira notre stratégie infrastructure à impact, accessible à partir de 1 000 euros.
Kevin Lechartier : Nous réfléchissons également à la question en ce qui concerne la dette privée corporate car les particuliers ont effectivement envie de donner du sens à leur épargne, en participant au financement de l’économie réelle et en particulier de sociétés françaises. Il convient toutefois de trouver le bon équilibre pour permettre aux investisseurs particuliers de bénéficier de la liquidité suffisante.
En début d’année, le Crédit Mutuel Arkéa a regroupé ses deux sociétés de gestion, Federal Finance Gestion et Schelcher Prince Gestion, en une structure commune : Arkéa Asset Management. Adossée au Crédit Mutuel Arkea, avec environ 200 collaborateurs et 55 milliards d’euros d’encours sous gestion, la société présente une offre diversifiée en gestion cotée comprenant deux gammes « Conviction Schelcher » et « Actifs Cœurs », en dette privée et en solutions d’investissement, adaptées aux besoins de ses clients particuliers et institutionnels.