Si les stratégies de long terme sont peu propices aux changements brutaux d’allocation, la hausse des taux s’est traduite pour les marchés par un nouveau paradigme. L’occasion, pour les investisseurs institutionnels, de faire bouger les lignes de leurs portefeuilles, en faveur notamment de l’obligataire, qui n’avait pas retrouvé un tel attrait depuis une décennie au moins. Pour les mois qui viennent, avec la récession qui s’annonce, la prudence reste de mise, en particulier sur les actions.
« Nous nous étions installés dans un certain mécanisme de raisonnement et, brusquement, nous avons dû réviser tous nos réflexes ». Ce résumé d’un investisseur institutionnel traduit bien le changement de paradigme brutal auquel ont dû faire face les professionnels ces derniers mois. Car, engagée dans une lutte sans merci contre l’inflation, réaffirmée cet été à Jackson Hole, la Réserve fédérale américaine a définitivement rompu avec la politique monétaire accommodante qui prévalait depuis 2008. Outre-Atlantique, les hausses de taux directeurs se succèdent, avec une ampleur et un rythme inédits (six depuis mars). Encore à zéro au début de l’année, ces taux s’établissent désormais à 4 % et pourraient dépasser 5 % en juin prochain.
De son côté, la BCE a relevé ses taux directeurs trois fois depuis juillet, les portant à leur plus haut niveau depuis 2009. Après une décennie de politique monétaire expansionniste, ce grand bouleversement monétaire, auquel s’ajoute un horizon géopolitique sensiblement obscurci, a obligé les investisseurs institutionnels à réagir, même si « les effets de la hausse des taux vont varier en fonction du profil de l’investisseur, de son horizon de placement, de ses marges de manœuvre et du risque accepté », prévient Olivier Jesequel, consultant, représentant en France de BFinance, société de conseil intervenant auprès d’institutionnels internationaux.
Dans le paysage institutionnel français, la Fondation de France s’est par exemple montrée particulièrement...