En mars prochain, de nouvelles règles fixées par l’AMF viendront encadrer l’offre de fonds responsables. L’objectif : réduire le décalage qui peut exister entre les paroles des asset managers et leurs actes en matière de prise en compte des aspects extra-financiers. Une revue stratégique des gammes ESG a été entamée par les acteurs français. Mais l’arrivée de nouveaux textes au niveau européen complique significativement l’exercice.
Avec 11 000 milliards d’euros d’actifs gérés en prenant en compte les critères extra-financiers, soit 45 % de l’encours total selon les chiffres publiés en novembre par l’Efama, c’est une véritable vague ESG qui a déferlé sur le marché de l’asset management européen ces deux dernières années. Un tsunami que l’on constate tout particulièrement en France : selon l’AFG, les encours de l’investissement responsable ont bondi de 40 % en 2018 et de 28 % en 2019, pour atteindre 51 % du total des actifs sous gestion en fin d’année dernière. Mais au fur et à mesure de son développement, l’offre ESG des sociétés de gestion est aussi devenue plus hétérogène, moins lisible des investisseurs… et donc plus propice au «greenwashing». Pour le régulateur français, l’Autorité des marchés financiers (AMF), il était nécessaire de s’emparer sans plus tarder du sujet. Ce qu’elle a fait en publiant, en mars puis en juillet de cette année, une série de règles auxquelles les fonds ouverts commercialisés en France doivent se conformer d’ici le 10 mars 2021, sous peine de se voir retirer leur agrément. Ces règles, qui constituent la «doctrine» de l’AMF en matière de finance durable, visent à assainir la manière dont les gérants communiquent autour des fonds estampillés ESG. «Cette doctrine s’inscrit en continuité des principes historiques de l’AMF : l’information délivrée à l’investisseur doit être “claire, exacte et non trompeuse”, que ce soit dans ses aspects financiers comme, désormais, extra-financiers», explique Raphaël Cretinon, associé chez Pericles Group.