interview - Nicolas Chaput, directeur général et co-directeur des investissements, Oddo Meriten Asset Management 

«Nous sommes désormais un véritable groupe franco-allemand»

Publié le 4 mars 2016 à 17h13

Propos recueillis par Audrey Spy

Moins de huit mois depuis l’acquisition du gestionnaire allemand Meriten IM, Oddo AM poursuit à grands pas son intégration. Le nouvel ensemble, qui gère désormais 46 milliards d’euros, continue en parallèle son développement international.

Quel bilan tirez-vous depuis votre arrivée à la direction d’Oddo Meriten Asset Management il y a quatre ans ?

Nicolas Chaput, directeur général et co-directeur des investissements d’Oddo Meriten Asset Management : Notre expansion a été très marquée à l’international. Depuis quatre ans, nous avons accéléré notre déploiement en Europe en ouvrant des bureaux en Suisse, en Allemagne et en Italie. Notre stratégie sur le marché italien, qui a été initiée en 2011, a particulièrement porté ses fruits puisque notre bureau de représentation commerciale à Milan compte désormais cinq professionnels et 1 milliard d’euros d’encours. Nous devrions même le transformer en succursale dès cette année pour renforcer encore sa légitimité auprès des clients italiens.

Nos efforts de développement commencent également à être porteurs en Asie. Grâce à notre présence à Singapour qui vient d’être complétée par le recrutement d’une personne à Hong Kong, nous avons signé des partenariats de distribution et avons commencé à être sollicités pour des appels d’offres institutionnels.

Plus récemment, l’acquisition du gestionnaire allemand Meriten Investment Management auprès de BNY Mellon IM, annoncée en avril dernier, a également été une opération majeure et transformante. Elle nous a permis de faire croître considérablement nos encours à l’international : 65 % de notre clientèle se situe désormais hors de France et sur ce chiffre, 55 % sont des Allemands. Nous sommes désormais un véritable groupe franco-allemand.

Quels ont été les autres apports de Meriten IM ?

Nicolas Chaput : Grâce à cette opération de croissance externe, nous avons plus que doublé nos encours qui s’élèvent actuellement à 46 milliards d’euros. Nous avons ainsi atteint une taille critique et une véritable légitimité sur la gestion tant sur les actions que sur les obligations en zone euro. Oddo a toujours eu un ADN très marqué sur les actions et les obligations convertibles tandis que Meriten a historiquement développé une gestion tournée vers l’obligataire. Notre rapprochement nous permet ainsi de compléter nos expertises respectives.

Par ailleurs, cette opération a également été validée par nos clients. Dans ce genre de rapprochement, les investisseurs peuvent se montrer prudents et attendre plusieurs mois avant de confier des capitaux à gérer. Mais cela n’a pas été notre cas. Notre collecte a atteint 1,7 milliard d’euros l’an passé, dont 900 millions en provenance d’investisseurs allemands, 400 millions du côté des Français et le solde est issu du reste du monde. Nous avons donc réussi à attirer davantage de souscriptions que les précédentes années, preuve que notre projet de croissance a été validé par l’externe.

L’intégration de Meriten a-t-elle nécessité des ajustements en interne ?

Nicolas Chaput : Dès la validation de l’opération en juillet dernier par les régulateurs, nous avons commencé le travail d’intégration. Nous avons dès le départ décidé d’associer nos deux noms – Oddo Meriten – pour mettre en avant la complémentarité de nos maisons. D’autre part, nous avons créé un comité de direction franco-allemand afin de déployer une stratégie commune. Nous avons ainsi nommé des responsables qui doivent superviser des équipes basées à la fois en France et en Allemagne.

En sept mois, nous avons en outre déjà revu nos systèmes informatiques pour les harmoniser et adopter un même outil de CRM. Sur le plan marketing, nous sommes en train de mettre en place un site Internet commun, qui sera accessible à partir de juin. Nos gammes de fonds, même si elles sont très complémentaires, ont nécessité quelques rationalisations à la marge. Mais un chantier concerne encore la fusion de nos deux Sicav. Cette étape nécessite cependant de suivre une procédure assez longue auprès du régulateur luxembourgeois et ne devrait pas aboutir avant la fin de l’année 2016. En parallèle, nous allons commencer à proposer de nouveaux produits, à l’instar du lancement récent d’un fonds en gestion systématique, expertise déjà développée par Meriten sous forme de mandat.

Quelles sont vos ambitions à moyen terme ?

Nicolas Chaput : Avant l’acquisition de Meriten, nous avions réussi à équilibrer notre profil de clients qui était composé à parité entre d’investisseurs institutionnels et de distributeurs. Post-intégration, notre base de clientèle compte environ 75 % d’institutionnels. Nous allons donc mener une politique de rééquilibrage très progressive de nos encours qui passera par la poursuite de notre croissance. Notre ambition est en effet de devenir le premier acteur indépendant en gestion d’actifs en Europe. Pour y parvenir, nous pouvons compter sur le soutien de notre actionnaire, la famille Oddo. Le groupe Oddo & Cie a en parallèle mené avec succès mi-février une OPA sur le groupe coté allemand, BHF Kleinwort Benson. Cette opération, qui vise à constituer le premier groupe indépendant bancaire franco-allemand, devrait aussi à terme être structurante pour Oddo Meriten. Nous avons également les moyens de poursuivre aujourd’hui notre propre croissance interne, en investissant notamment dans nos effectifs tant sur le plan commercial que dans la gestion. Nous devrions ainsi renforcer notre présence en Espagne dès cette année.

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