Compte tenu de l’importance prise par les achats des banques centrales, l’analyse des flux devient-elle prépondérante par rapport à celle des fondamentaux, pour évaluer la dette souveraine des pays développés ?

Les banques centrales et leurs interventions massives sur les marchés de la dette souveraine jouent un rôle important en matière de valorisation des actifs et de niveau des taux d’intérêt. Pour autant, nous ne pouvons pas nous limiter à une analyse des flux pour déterminer le prix des actifs et notre politique d’investissement. D’abord parce qu’il est très difficile de les évaluer. En effet, la demande de titres dépend en large partie du comportement d’épargne des ménages, qui n’est pas évident à anticiper. Nous devons ainsi analyser également les fondamentaux, à savoir les perspectives macroéconomiques et l’évolution des indicateurs, car ceux-ci ont du sens. En 2021 par exemple, les marchés de taux ont été particulièrement volatils, car les anticipations d’inflation et de croissance ont varié tout au long de l’année. Ces deux variables continuent de jouer un rôle dans la formation des taux d’intérêt. Autre exemple : si les « grandes » banques centrales ont mené des politiques équivalentes, limitant en cela les variations des parités entre les devises comme l’euro et le dollar, les fondamentaux agissent comme une force de rappel sur d’autres variables, comme par exemple le bitcoin, sur le marché duquel nous ne sommes pas présents, ou encore l’or. Les hausses récentes de ces supports ne sont pas sans lien avec les anticipations d’inflation.