Si les gérants obligataires comme les investisseurs institutionnels s’inscrivent dans un scénario macroéconomique consensuel considérant l’accélération de la croissance au niveau mondial et une normalisation des politiques des banques centrales, de nombreuses incertitudes pèsent sur ce consensus. Parmi celles-ci figurent un retour possible de l’inflation à un niveau supérieur à celui envisagé par les banques centrales, ce scénario ayant récemment affolé les marchés financiers. Dans un contexte de retour de l’incertitude et de la volatilité, les stratégies obligataires doivent devenir flexibles et raisonner selon une perspective en performance absolue. Dans ce cadre, les gérants misent sur différents segments du marché obligataire, tout en mettant en place des stratégies d’arbitrage et de couverture. Des méthodes également employées par les investisseurs institutionnels qui cherchent à se protéger des mouvements de marché et à générer des rendements.
- Quel est votre scénario macroéconomique pour 2018?
- Quelles sont vos anticipations quant aux politiques des banques centrales dans les grandes économies industrialisées ?
- Du côté des sociétés de gestion, comment avez-vous fait évoluer vos méthodes de gestion, avez-vous introduit de la flexibilité ?
- Face au retour de la volatilité, les méthodes oscillent entre la détention de cash et l’utilisation de produits dérivés, comment arbitrer entre les deux ?
Quel est votre scénario macroéconomique pour 2018?
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Jean-Luc Hivert, directeur de la gestion taux et multi-actifs de La Française Asset Management :
Notre scénario est relativement aligné sur le consensus de marché. Nous considérons l’économie mondiale comme étant en phase d’accélération avec une synchronisation de la reprise. Nous nous distinguons peut-être du consensus sur notre perception de la croissance américaine. Malgré les derniers chiffres, tous très positifs, nous sommes plutôt prudents quant à son potentiel d’accélération car nous approchons de la fin d’un cycle. A contrario, nous avons le sentiment que la croissance en Europe pourrait être supérieure à celle envisagée par le consensus, elle pourrait se situer à 2,5 % du PIB voire au-delà et générer des surprises positives. Les évolutions qui se profilent sont en effet toutes positives dans un contexte où la Banque centrale européenne (BCE) devrait prendre son temps pour normaliser sa politique et laisser ainsi le temps à l’économie de se développer. C’est la zone pour laquelle nous sommes le plus confiants. Nous ne faisons pas, par ailleurs, de prévisions chiffrées sur les économies émergentes et notamment sur la Chine ; pour autant, nous n’avons aucune raison de penser que la Chine pourrait ralentir cette année de façon significative, elle devrait poursuivre sa stratégie de stop & go maîtrisée.
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Julien Daire, directeur de la gestion taux et crédit chez CPR Asset Management : Nous avons défini un scénario central et trois scénarios de risque. Le premier correspond au consensus : l’économie mondiale devrait se renforcer comme en 2017, la croissance économique...