Emetteur important, EDF est aussi un investisseur de poids sur les marchés. En effet, en vue du démantèlement de ses installations nucléaires et de la gestion des déchets radioactifs, le régulateur lui impose de constituer des provisions. Les actifs qui couvrent ces dernières sont ainsi gérés à très long terme. Si 40 % du portefeuille est composé d’actions, le poids des titres souverains, lui, ne cesse de se réduire.

Quel montant d’actifs gérez-vous et d’où proviennent-ils ?
Le code de l’environnement prévoit qu’EDF, en tant qu’exploitant de centrales nucléaires, doit constituer des provisions pour les charges futures associées à ces installations. Des actifs doivent être affectés à la couverture de ces provisions : on parle d’actifs « dédiés ». Nous avons commencé à constituer ces actifs dédiés dès 1999 et ils s’élèvent, fin 2020, à 33,8 milliards d’euros. Depuis 2016, la réglementation stipule de plus que la valeur de marché des actifs dédiés doit être au moins égale au montant des provisions au passif, ce que nous respections en pratique depuis 2013. Fin 2020, ce taux de couverture était de 103,6 %. Notre gestion est très contrôlée, à la fois par les administrations dont nous dépendons (direction générale de l’énergie, Cour des comptes), mais aussi par notre conseil d’administration. Il comprend un comité spécialisé, le comité de suivi des engagements nucléaires (CSEN), dont plusieurs membres ont une expertise importante en finance, à l’image de son président, Gilles Denoyel.
La gestion de ces actifs est-elle, de ce fait, soumise à des contraintes spécifiques ?
Nous n’avons pas les mêmes contraintes que d’autres investisseurs institutionnels plus traditionnels, tels que les compagnies d’assurances ou les caisses de retraite. Nous ne sommes, par exemple, pas soumis à Solvabilité 2 et nos actifs sont comptabilisés en valeur de marché, pas en valeur historique. Nous ne gérons pas ces actifs pour le compte de clients, comme les assureurs. Nous n’avons donc pas leur approche d’adossement de l’actif sur le passif. Notre contrainte est...