Alors que les dispositifs destinés à favoriser le partage de la valeur vont se renforcer, annonçant de nouveaux flux financiers sur l’épargne de moyen et long terme, cela rappelle aussi l’indispensable besoin en pédagogie financière. Face à la multiplication des opportunités d’épargne, disposer d’une stratégie patrimoniale globale se révèle un choix payant.
D’après le projet de loi sur le partage de la valeur, les entreprises de 11 à 50 salariés vont devoir s’équiper d’un dispositif d’épargne salariale, sans avoir en revanche de contrainte sur les montants à y verser. « Nous avions milité en faveur de ce point, afin de laisser aux entreprises l’opportunité de s’approprier le dispositif », explique Mathieu Chauvin, président d’Eres group. Ce dernier est le spécialiste des solutions d’épargne de long terme, notamment épargne salariale et retraite. Pour Mathieu Chauvin, si l’arrivée d’une loi sur le partage de la valeur est un élément positif, elle va néanmoins s’accompagner d’un double défi. « Comme le chef d’entreprise sera totalement libre de choisir son mécanisme de partage, il va falloir former en priorité les interlocuteurs de ces petites entreprises pour accompagner au mieux la réflexion. Au premier rang de ces interlocuteurs nous trouvons les experts-comptables, les courtiers et les CGPI qui savent aujourd’hui parfaitement manipuler ces solutions. De plus, un important effort de pédagogie est indispensable en direction des salariés. » Permettre à l’épargne salariale et retraite de générer de futurs revenus tout en finançant l’économie réelle et la transition énergétique implique en effet de pouvoir flécher les flux sur les supports d’investissement adéquats. Pour faciliter cela, Eres a déployé ses efforts aussi bien en direction des professionnels intermédiaires que des épargnants.
Favoriser une construction patrimoniale
« Dès lors que de nouveaux schémas d’épargne sont mis en place, il faut les inscrire dans une stratégie patrimoniale plus large, comprendre et décider des allocations avec une vision d’ensemble », souligne Mathieu Chauvin. Une vision stratégique qui n’est pas toujours évidente à mettre en place, tant à cause du manque d’éducation financière des salariés que de la dispersion des produits d’épargne entre différents supports et gestionnaires. « Dans ce contexte, nous lançons un service de conciergerie patrimoniale pour les salariés. Il s’agit de sessions de formation libres, au sujet de la finance, de l’épargne collective et individuelle. » Dispensées par les collaborateurs d’Eres, ces formations touchent des sujets très larges, allant de la gestion du budget à la transmission aux enfants, en passant par l’épargne immobilière et la fiscalité. A l’heure actuelle, 40 % des sollicitations que reçoit Eres pour du conseil personnalisé portent sur la retraite, 40 % sur des enjeux patrimoniaux globaux et 20 % sur l’investissement en immobilier. « L’important est que l’épargnant comprenne tout l’univers des possibles et trouve, grâce à cette vision exhaustive, des solutions adaptées à ses besoins et ses horizons de placement. » Ces entretiens peuvent également être enrichis par un parcours digital, qui permet de définir l’effort d’épargne en fonction de sa finalité. « Le dispositif d’épargne de l’entreprise peut être la solution, mais pas systématiquement. Le PER individuel, l’assurance vie ou les SCPI peuvent parfois être des compléments d’épargne adaptés », précise Mathieu Chauvin.
Entraîner tout l’écosystème
La loi sur le partage de la valeur ouvre donc un nouveau pan de marché pour l’épargne salariale. Néanmoins, contrairement aux grands groupes, peu de TPE possèdent les ressources internes pour gérer la mise en place et le suivi dans le temps de ces dispositifs. Or, il est important de créer un engagement dans la durée de l’entreprise et des salariés, afin que les opportunités d’épargne soient pleinement exploitées. Le rôle des intermédiaires, comme les experts-comptables, les courtiers et les CGPI, va donc devenir plus important encore. « Notre mission, chez Eres, est de les former sur tous ces nouveaux sujets. Nos 130 collaborateurs répartis partout en France délivrent 200 heures de formation par an. »
Le groupe est également présent sur le segment des ETI et des très grandes entreprises, notamment dans l’univers du non-côté. « L’un des sujets qui monte actuellement est l’actionnariat salarié, qui est un levier de partage de la valeur très efficace. Les motivations diffèrent grandement d’une entreprise à l’autre, entre volonté de transmission dans les entreprises familiales ou opérations de LBO avec montée des salariés au capital permettant l’alignement des intérêts… » Là encore, le groupe reste fidèle à sa stratégie et entend couvrir tous les besoins des entreprises, du conseil en amont à la mise en œuvre opérationnelle.
Entre la loi sur le partage de la valeur et la valorisation de l’actionnariat salarié, les besoins en équipement connaissent donc une forte accélération. Le président d’Eres perçoit une réelle volonté des entreprises de mettre en place des systèmes permettant d’avantager leurs salariés et de les accompagner dans le temps. Il regrette d’ailleurs que la loi sur le partage de la valeur pose des nouveaux effets de seuils : « L’obligation devrait commencer dès le premier salarié et le traitement fiscal et social devrait être identique pour toutes les entreprises de moins de 250 salariés » (ndlr : forfait social variable et fiscalité de la prime de partage de la valeur différenciée aujourd’hui selon la rémunération du salarié et la taille de l’entreprise).
Questions à…Mathieu Chauvin, président de Eres group
Mathieu Chauvin travaille depuis plus de 20 ans dans le secteur de l’épargne salariale. Il a rejoint Eres group en 2007, tout juste après sa création. En 2019, il prend la direction executive du groupe avec Pierre-Emmanuel Sassonia et Alexis de Rozières. Aux côtés des équipes de spécialistes qui composent le groupe Eres, il a participé à la naissance puis à l’hypercroissance de cette société spécialisée en épargne longue.
Private equity et transition énergétique : les nouveautés Eres
Vous lancez un fonds dédié au private equity : est-ce vraiment une nouveauté pour l’épargne retraite ?
Absolument. La loi Pacte a élargi l’univers d’investissement de l’épargne retraite, néanmoins les fonds qui proposent de l’investissement sur le non-coté ne le font que dans des proportions minimes. Avec ce nouveau FCPE Eres Private Solutions, nous souhaitons offrir une réelle opportunité d’investir sur cette classe d’actifs. Ce fonds, que nous avons conçu avec Seven2 (Apax) et Eurazeo, aura donc l’exposition au non-coté la plus élevée du marché, avec un niveau de 50 %. Il est disponible pour les PER collectifs. Le segment du private equity est particulièrement adapté à l’épargne de long terme et permet de financer directement l’économie réelle, tout en offrant des niveaux de rendement intéressants.
Vous proposez également un nouveau fonds disponible en épargne salariale, quel segment d’investissement avez-vous choisi de couvrir ?
Le fonds Eres Sycomore Europe Eco Solutions, qui est lancé ce mois de juin, est destiné à financer la transition énergétique. L’épargne de long terme est particulièrement adaptée à cet enjeu sociétal majeur, nous souhaitons donc favoriser l’investissement grâce au lancement de ce nouveau support. Ce FCPE est un fonds nourricier du fonds maître Sycomore Europe Eco Solutions : fonds maître géré par Sycomore AM, disposant d’un objectif d’investissement durable et relevant de la classification article 9 SFDR et labellisé Greenfin. Nous avons choisi de travailler aux côtés de Sycomore Asset Management. Ce gérant d’actifs est l’un des pionniers de l’ISR et dispose d’une équipe très structurée pour couvrir cet univers. Dès le début des années 2000, elle a d’ailleurs développé sa propre méthodologie interne d’évaluation. Ce fonds sera disponible en épargne salariale ainsi que dans les dispositifs individuels comme le PERIN.