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Analyse

Devoir de mise en garde du banquier prêteur à l’égard de la caution non avertie

Publié le 5 janvier 2018 à 11h16

Elisabeth Flaicher-Maneval, CMS Francis Lefebvre Avocats

La Cour de cassation continue d’affiner les contours du devoir de mise en garde pesant sur le banquier dispensateur de crédit à l’égard de ses différents interlocuteurs.Ainsi, au printemps dernier, elle rappelait opportunément que l’obligation pour le banquier d’alerter l’emprunteur non averti ne portait que sur le risque d’endettement lié à l’octroi du prêt et en aucun cas sur l’opportunité ou la viabilité de l’opération financée par le prêt accordé (arrêt du 20 avril 2017).

Par Elisabeth Flaicher-Maneval, avocat counsel, CMS Francis Lefebvre Avocats

Dans un arrêt du 15 novembre 2017, elle vient clarifier l’étendue de cette obligation à l’égard cette fois-ci de la caution non avertie en posant, de manière inédite, pour principe que « la banque est tenue à un devoir de mise en garde à l’égard d’une caution non avertie, lorsque, au jour de son engagement, celui-ci n’est pas adapté aux capacités financières de la caution ou il existe un risque de l’endettement né de l’octroi du prêt garanti, lequel résulte de l’inadaptation du prêt aux capacités financières de l’emprunteur ». 

En l’espèce, le gérant d’une société s’était porté caution solidaire du remboursement d’un emprunt contracté par cette dernière en vue de l’acquisition d’un fonds de commerce. Assigné par la banque en exécution de cet engagement à la suite de la défaillance de la société garantie, il avait mis en cause la responsabilité de l’établissement financier pour manquement de celui-ci à son devoir de mise en garde. Alors que le cautionnement qu’il avait consenti n’était pas manifestement disproportionné au regard de ses capacités financières, le gérant reprochait toutefois à la banque de ne pas avoir procédé aux vérifications élémentaires des chances de succès de l’acquisition projetée et des capacités de la société emprunteur de financer ce projet.    

La Cour d’appel lui avait donné raison. Après avoir constaté que le gérant n’était pas une caution avertie et que l’opération garantie était vouée à l’échec dès son lancement, elle avait estimé que la banque était tenue à l’égard de la caution d’un devoir de mise en garde lors de la souscription de son engagement, peu important que celui-ci fût adapté à ses propres capacités financières. 

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