Les chiffres de la Banque mondiale indiquent que la croissance de l’Afrique subsaharienne a ralenti jusqu’à atteindre 3 % en 2015, soit le rythme le plus lent depuis 2009. Pour atteindre les objectifs de développement, la région doit tirer profit de toutes ses potentialités, dont le développement des marchés financiers – un instrument très important pour lever des capitaux mais encore loin d’être pleinement utilisé, notamment par les acteurs économiques africains.
Par Lubomir Roglev, avocat associé, et David Hountondji, avocat, DS Avocats
Introduction
L’Afrique est, aujourd’hui encore, face à des défis divers qu’elle se doit de relever. Ces défis touchent notamment à l’énergie, à la santé, à l’éducation, à l’agroalimentaire ou encore à la démographie. La population devrait avoisiner selon les prévisions 2 milliards d’individus en 2050. Il est dans ce cadre nécessaire que cette croissance démographique soit portée par la croissance économique. Les taux de croissance tournant autour de 3 %, capables de faire pâlir beaucoup de pays en bien d’autres endroits, sont en partie dus au fait que les entreprises africaines sont globalement de plus en plus performantes. Pourtant, ces performances peuvent encore être améliorées, notamment au niveau du financement. Traditionnellement, ces dernières trouvent leur financement auprès des banques. Ainsi, 95 % des entreprises sont financées à travers un financement bancaire, et seulement 5 % à partir des marchés financiers en Afrique (vs. 80/20 dans les pays émergents et 20/80 aux Etats-Unis). En Afrique subsaharienne, à l’exception de quelques rares places financières (Nigeria et Afrique du Sud en particulier), les entreprises du secteur privé se tournent très peu vers les marchés financiers, même si le nombre des places boursières africaines est passé de 5 en 1990 à 29 en 2014.
Ce comportement s’explique par plusieurs raisons que l’on peut lier aux caractéristiques propres à ces marchés et qui les rendent peu attractifs. Toutefois, comme nous le verrons, si les Etats parviennent à relever certains défis structurels et institutionnels, les marchés financiers pourront constituer de véritables leviers de croissance.