L’asset-based lending ou ABL, financement adossé sur une valorisation de certains actifs de l’entreprise, s’est très largement développé aux Etats-Unis depuis les années 1980 pour s’exporter ensuite dans le monde et notamment au Royaume-Uni où le marché est en constante progression ces dernières années. Le volume de ces financements s’élèverait à 83 milliards de dollars aux Etats-Unis en 20131et à 19,3 milliards de livres au Royaume-Uni en 20142. L’ABL, encore peu répandu en France, suscite de plus en plus d’intérêt aussi bien côté corporate que financier.
Par Sophie Perus, associée, et Blandine Gény, collaboratrice, Eversheds
1. Le fonctionnement de l’asset-based lending
L’ABL est un financement sans recours accordé à une entreprise en fonction de la valeur de certains de ses actifs (dits éligibles), lesquels sont apportés en garantie des lignes de financement consenties. Traditionnellement, les actifs concernés sont les stocks de produits finis et les créances clients (desquelles on exclut les créances présentant un fort taux de risque de recouvrement), pour leur liquidité sur le marché, leur évaluation aisée et leur facilité de suivi. D’autres actifs sont parfois retenus : les machines et équipements, ou encore les droits de propriété intellectuelle et/ou industrielle types marques, modèles, brevets, et dans une moindre mesure, les actifs immobiliers.
Historiquement, l’ABL avait pour objectif principal de financer les besoins en fonds de roulement de l’entreprise, et couvrait principalement des objectifs à très court terme. Par exemple, il pouvait s’agir de pallier une baisse d’activité conjoncturelle ou de lisser la saisonnalité d’une activité ou le caractère cyclique de vente de produits finis (la ligne se remboursant par le produit des ventes). Aujourd’hui, sa pratique s’est généralisée : l’ABL peut être utilisé comme une ligne de crédit complémentaire (par exemple dans un financement d’acquisition), ou aux côtés de programmes d’affacturage.
Contrairement à un financement corporate classique, pour lequel les conditions sont généralement assises sur la solidité du bilan et les performances financières de l’entreprise, les lignes de crédit...