La préparation du budget 2022 se révèle particulièrement complexe pour les directions financières. Si l’activité repart, le contexte économique n’en reste pas moins incertain, du fait notamment de fortes tensions sur les coûts qui risquent de peser sur les marges. Face à la difficulté à effectuer des prévisions, les entreprises essaient de gagner en flexibilité dans leur approche budgétaire.
Il y a un an à peine à la même époque, les directeurs financiers s’inquiétaient de l’évolution de la crise sanitaire et de ses répercussions sur leur activité en 2021. Cette année, la demande repart, mais la préparation du budget 2022 n’en est pas plus aisée pour autant ! A tel point que la définition même du budget perd parfois de son sens. « Notre budget ne pourra pas servir de référence sur l’ensemble de l’année, affirme même Sébastien Rouge, directeur financier du groupe spécialisé dans la transformation de minéraux, Imerys. Le contexte économique étant tellement changeant, nous sommes certains que nos hypothèses de coûts et de volumes de ventes ne seront pas valables jusqu’au 31 décembre 2022. »
Et pour cause : si cette année la reprise est certaine, la trajectoire que celle-ci prendra ne l’est pas autant. Pour beaucoup de directeurs financiers la construction de leur budget 2022 soulève encore de nombreuses incertitudes.
Les entreprises se dotent d’outils pour les aider dans le suivi de leur activité
- Pour réagir rapidement aux variations d’activités ou de coûts, les directions financières ont besoin d’outils plus intelligents. « Si nous avons choisi de ne pas faire évoluer notre processus budgétaire, en conservant notre calendrier et en gardant la même équipe, nous souhaitons en revanche développer de nouveaux outils qui nous permettront d’évaluer l’impact des évolutions de marché sur nos coûts et nos volumes de ventes : nous pourrons ainsi réagir commercialement et opérationnellement, et réajuster nos prix de vente », indique Sébastien Rouge, directeur financier d’Imerys.
- D’autres directions financières ont également fait un choix similaire. Chez Rexel, si le pilotage a longtemps reposé sur des plans à trois ans, c’est moins le cas à présent. « Nous sommes devenus plus agiles qu’auparavant, afin de nous adapter rapidement à toute évolution de notre environnement, rappelle Laurent Delabarre, directeur financier groupe de Rexel. Nous avons, à cet effet, fait évoluer nos outils de re-prévision budgétaire, en nous dotant de solutions de business intelligence, qui nous permettent d’obtenir des informations plus rapidement et in fine d’en déduire des plans d’actions opérationnels. »
- Le groupe Serge Ferrari a de son côté choisi de se doter de nouvelles données sur la concurrence. « Nous allons faire appel à un consultant, afin de nous aider à identifier des entreprises comparables et déterminer des indicateurs, comme le coût de la R&D par exemple, et obtenir ainsi un benchmark de notre secteur, indique Philippe Brun. Cela nous permettra d’obtenir des données beaucoup plus précises qu’actuellement et de réagir plus rapidement. »
Une demande (trop ?) forte en Chine
La première d’entre elles concerne le niveau de croissance de la demande pour 2022. Difficile en effet pour les entreprises d’avoir de la visibilité sur leurs différents marchés géographiques. Pour l’Europe et les Etats-Unis, les entreprises interrogées sont globalement optimistes : « Si la demande européenne a moins repris que dans d’autres continents, elle est traditionnellement moins volatile : le mouvement reste limité alors que le recul peut-être plus marqué ailleurs, et le phénomène est similaire en cas de rebond, remarque Philippe Brun, directeur...
