Dans un secteur extrêmement gourmand en énergie et générateur de pollution, le promoteur immobilier français Altarea s’est distingué cet été en signant un crédit bancaire corporate de 200 millions d’euros, intégrant pour la première fois une clause d’alignement de son chiffre d’affaires à la taxonomie verte européenne. Un mécanisme que le groupe souhaite intégrer, à terme, à l’ensemble de ses crédits bancaires corporate.
« A terme, se financer dans l’immobilier sans intégrer une composante durable va devenir quasiment impossible. » Cette réalité, décrite par Quentin Dechamps, real estate lead dans l'équipe sustainable banking de Crédit Agricole CIB, le directeur financier d’Altarea la connaît parfaitement. Pourtant, il est longtemps resté en retrait du marché des financements durables, délaissant notamment les green bonds afin d’attendre le bon moment pour se lancer. « Nous étions un peu perplexes en observant ces financements fléchés vers des projets particuliers, qui nous ont paru un peu artificiels, indique Eric Dumas, directeur général finance du groupe. Dans la mesure où l’argent est fongible au sein d’une entreprise, qu’est-ce qui garantit qu’il soit dépensé au bon endroit ? Nous avons préféré passer notre tour. » Mais ce n’était que pour mieux peaufiner notre stratégie en la matière.
Le 27 juillet, le promoteur immobilier français a donc fait une entrée tardive, mais remarquée, sur le marché du financement durable, en obtenant le premier crédit bancaire corporate du secteur immobilier lié à la taxonomie verte européenne, ce système de classification des activités économiques permettant d’identifier celles qui sont durables sur le plan environnemental, et d’orienter les investissements privés vers ces dernières. Le montant de l’emprunt, à échéance cinq ans, atteint 200 millions d’euros. « Nous avons pour objectif d’aligner d’ici trois ans une majorité du chiffre d’affaires de l’entreprise sur la taxonomie verte européenne, souligne Eric Dumas. Si nous réussissons, le taux d’intérêt sera assorti d’un bonus. Si, à l’inverse, nous échouons, un malus lui sera appliqué. »