Dans un contexte marqué par l’accélération des défaillances d’entreprises, les délais de paiement clients tendent à s’allonger, tandis que les demandes d’échelonnement des règlements et les impayés se multiplient. Face à cette situation, de nombreuses directions financières ont commencé à adapter leur politique de credit management.
Les entreprises qui éprouvent des difficultés à recouvrer leurs « petites » créances vont devoir s’adapter à de nouvelles règles. A compter du 1er novembre, elles ne pourront en effet plus initier, d’emblée, de procédure de recouvrement judiciaire à l’encontre du mauvais payeur. Conformément à un décret du 29 juillet dernier, elles devront impérativement, pour leurs factures d’un montant n’excédant pas 5 000 euros, engager préalablement « une tentative de conciliation menée par un conciliateur de justice, une tentative de médiation ou une tentative de procédure participative ». Sans ce mode de règlement amiable du litige intermédié par un tiers, l’irrecevabilité de l’action judiciaire pourrait, comme le dispose le texte, être prononcée d’office par le juge. « Avant d’aller en justice, la négociation n’est plus une option, elle devient la loi », résume Nicolas Flouriou, président de l’Association française des credit managers et conseils (AFDCC).
Croissance au ralenti pour l’affacturage
- Principale solution de financement de court terme utilisée en France, l’affacturage continue de croître, mais à un rythme plus modeste. Selon l’Association française des sociétés financières (ASF), l’activité des factors a progressé de 5,8 % entre janvier et mars (103,5 milliards d’euros de créances prises en charge) par rapport au premier trimestre 2022, au cours duquel les volumes avaient bondi de 18,4 % sur un an.
- Cette nette décélération de l’activité résulte de fondamentaux de marché aux effets contraires. « Alors que leur DSO se tend, de nouveaux clients désireux d’optimiser leur trésorerie se sont tournés vers nous depuis le début de l’année », assure un dirigeant d’une société d’affacturage. Toutefois, la hausse des taux d’intérêt – en un an, l’Euribor 3 mois est passé de 1,1 % à près de 4 % –, qui a entraîné un renchérissement mécanique de cette source de financement, contribue à freiner la demande. « Il ressort de notre récente étude que 83 % des TPE-PME jugent l’affacturage trop onéreux, son coût absorbant l’intégralité de leur marge », évoque Denis Le Bossé, président du Cabinet Arc.
Une reprise des assignations par l’Urssaf
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette nouveauté est accueillie tièdement par les artisans, professionnels et dirigeants de TPE, pour qui une part significative des factures s’inscrivent au-dessous de ce seuil, mais aussi par certains responsables financiers d’ETI et grands groupes. « Lorsque le client qui paie en retard est de bonne foi, nous avons déjà pour habitude, depuis longtemps, de rechercher en premier lieu une solution amiable, témoigne le responsable comptable d’une entreprise de transports basée dans les...