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Interview - Mary-Françoise Renard, responsable de l’Institut de recherche sur l’économie de la Chine (IDREC)

«Dans les dix ans qui viennent, le taux de croissance de la Chine pourrait tomber jusqu’à 5 %»

Publié le 13 septembre 2019 à 12h07    Mis à jour le 13 septembre 2019 à 19h11

Propos recueillis par Valérie Nau

Dans le cadre du Centre d’études et de recherches sur le développement international (CERDI), l’IDREC consacre depuis 1995 ses recherches à l’économie de la Chine. Pour sa responsable, Mary-Françoise Renard, les difficultés actuelles que connaît le pays ne résultent pas seulement de la guerre commerciale avec les Etats-Unis, mais aussi de la transformation dans laquelle il s’est engagé.

La baisse du yuan cet été, qualifiée par Donald Trump de «manipulation», a secoué les marchés financiers qui ont craint une nouvelle guerre des monnaies. Cette inquiétude était-elle justifiée ?

Donald Trump est en retard : au début des années 2000, la Chine maintenait effectivement sa monnaie à un niveau artificiellement bas pour soutenir ses exportations. Ce n’est plus le cas actuellement. En dépréciant sa devise cet été, Pékin n’a pas voulu engager une guerre des monnaies. Certes, la gestion du taux de change en Chine ne suit pas exactement les mêmes règles de marchés que dans les pays occidentaux, mais elle s’en est rapprochée ces dernières années, comme l’a montré en 2016 l’intégration de la devise chinoise dans le panier des droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI. En fait, la stratégie de la Banque centrale est contra-cyclique : en cas de variation trop forte du yuan, elle intervient pour le maintenir dans des marges qu’elle considère comme raisonnables. Elle a ainsi laissé la devise se déprécier cet été parce que la situation économique de la Chine le justifiait. Le FMI a lui-même déclaré récemment que cette dépréciation n’était pas une manipulation mais répondait aux fondamentaux de l’économie.

Cette stratégie de déstabilisation de Donald Trump est-elle efficace ?

Donald Trump voulait diminuer le déficit commercial entre les Etats-Unis et la Chine, et pousser les entreprises américaines qui produisent en Chine à revenir chez elles pour recréer des industries dans les secteurs où elles ont disparu. Aucun de ces buts n’est atteint pour l’instant. La Chine s’était engagée à augmenter ses achats de produits agricoles, mais il est difficile de savoir ce qu’il en est réellement.

Par ailleurs, si les entreprises américaines présentes...

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