Depuis quelques semaines, la préparation du budget 2024 accapare la plupart des entreprises. Après un exercice 2023 qui s’annonce relativement positif pour beaucoup d’entre elles, un certain optimisme semble prédominer pour le prochain exercice, comme en témoignent les nombreux projets d’investissement dans le viseur. Corollaire d’une croissance anticipée plus modeste, l’optimisation des coûts sera toutefois au cœur des priorités.
« Après les chocs sanitaire (Covid-19), géopolitique (guerre en Ukraine) et macroéconomique (envolée des taux d’intérêt et de l’inflation…) que nous avons connus au cours des trois dernières années, difficile d’imaginer un environnement des affaires plus défavorable et plus inattendu pour 2024… a priori. » A l’instar de ce directeur financier d’un groupe du CAC 40, bon nombre de ses homologues qui viennent d’engager le processus de préparation du budget pour 2024 abordent cet exercice plutôt avec confiance… Une confiance mesurée, il est vrai, en particulier au sein des plus petites entreprises. « Face aux crises qui se succèdent à une fréquence rapprochée et aux incertitudes qui perdurent, il est plus que compréhensible de redoubler de prudence », confie Pierre-Marie Kergus, directeur financier de SeaBird, société spécialisée dans le conseil pour les métiers de l’assurance (31 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022).
Des processus budgétaires allégés ?
- Après avoir vu leurs prévisions budgétaires voler en éclats avec la crise sanitaire en 2020, puis 2021, de nombreuses entreprises ont modifié à cette époque leur approche budgétaire, en élaborant le plus souvent trois scénarios différents : un scénario de base, un worst-case scenario et un best-case scenario. « Depuis, beaucoup sont revenues à un scénario de base, mais assorti de diverses hypothèses (« what-if scenario ») », observe Laurent Morel, chez PwC. Une évolution qui est souvent allée de pair avec une autre adaptation. « Au lieu d’affiner leurs projections pour les douze mois du prochain exercice, plusieurs groupes ont récemment franchi le pas, ou sont en train de le faire, en mettant en place un système de prévisions glissantes, ou rolling forecasts. Consistant à actualiser les prévisions sur une base mensuelle ou trimestrielle, ce mécanisme est essentiellement employé pour le chiffre d’affaires et les prévisions de trésorerie », poursuit Laurent Morel. Au-delà de la fiabilisation des anticipations, ce changement a aussi pour objectif de raccourcir la durée du processus budgétaire, jugé chronophage dans la plupart des sociétés.
- Indépendamment de la mise en place d’un rolling forecast, l’allégement de ce processus fait partie, cette année encore, des priorités de nombreuses directions financières. « En quête de plus de flexibilité et de simplification, nous aspirons à boucler notre processus budgétaire en deux mois, contre près de trois jusqu’alors, témoigne Nathalie Bühnemann, directrice financière d’Exclusive Networks. Pour ce faire, les allers-retours entre les différents départements du groupe seront réduits, au même titre que le nombre et que l’horizon des prévisions réalisées. » Bien que très marginales, l’approche « zero-based budgeting », qui consiste à repartir d’une page blanche pour établir le nouveau budget – sans se fonder, donc, sur les chiffres précédents –, et celle du « beyond budget », qui repose sur une gestion de l’entreprise sans la réalisation d’un budget, connaîtraient un regain d’intérêt selon certains conseils.
«La diversification de nos activités et notre présence dans une centaine de pays nous permettent de compenser le ralentissement de certains marchés.»
Une bonne résistance des marges
Pour autant, l’exercice en cours devrait s’achever pour un grand nombre de sociétés sur une note moins négative que redouté au regard de la détérioration de la conjoncture. Certes, la décélération de l’activité économique, conjuguée au maintien d’une inflation élevée et à l’aggravation de la sinistralité dans certains secteurs (hôtellerie-restauration, construction, habillement…), a pesé sur les résultats de certaines d’entre elles cette année, notamment dans la sphère cotée. Les groupes du SBF 120 ont ainsi vu leur résultat opérationnel reculer de 6 % en...