Dans le sillage des dernières années, les tentatives de fraude visant les entreprises ont continué d’augmenter en 2023. Si la nature des infractions n’a pas changé, les techniques utilisées par les criminels tendent quant à elles à se sophistiquer, grâce notamment au recours à l’intelligence artificielle.
Une affaire hors norme. Entre le 6 et le 10 novembre, quinze prévenus ont comparu devant le tribunal correctionnel de Marseille pour des faits d’arnaque financière au faux fournisseur ayant touché une dizaine d’entreprises françaises, pour l’essentiel entre 2015 et 2016. Depuis un centre d’appels basé en Israël, les escrocs appelaient les victimes ou leur envoyaient un email en se faisant passer pour l’un de leurs fournisseurs, en leur indiquant que leurs coordonnées bancaires avaient changé. Le règlement des factures suivantes était ainsi crédité sur leur compte, jusqu’à ce que la manœuvre frauduleuse soit détectée. Pour les entreprises concernées, le préjudice unitaire a atteint entre quelques milliers d’euros jusqu’à près de 3 millions d’euros. Dans l’attente du verdict, dont l’annonce est prévue d’ici quelques semaines, ce procès inédit dans son ampleur pour de tels méfaits aura contribué à braquer les projecteurs sur un phénomène qui, depuis la survenue des infractions, n’a cessé de s’amplifier : les tentatives de fraude visant les sociétés. Alors qu’elles étaient 66 % en 2021, puis 69 % l’an dernier, à déclarer en avoir subi au moins une d’après le baromètre annuel publié par Allianz Trade et l’Association des directeurs financiers et de contrôle de gestion (DFCG), l’ensemble des professionnels font état non seulement d’une menace toujours aussi diffuse en 2023, mais aussi de taux de réussite orientés à la hausse. Un constat préoccupant qui résulterait avant tout d’une plus grande sophistication des méthodes employées par les criminels.