En dépit des secousses subies par le système financier, la BCE affiche sa volonté de continuer de lutter contre l’inflation, via des hausses de taux. Christine Lagarde estime le resserrement monétaire compatible avec le maintien de la stabilité financière. Mais elle ne s’engage plus sur aucun calendrier.
Rarement le contexte macroéconomique et financier aura été aussi incertain. Christine Lagarde l’a admis lors de la conférence de presse qui a suivi, le 16 mars, l’annonce d’un relèvement des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE) de 50 points de base (pb), insistant à plusieurs reprises sur l’incertitude actuelle. De nombreux assets managers partagent du reste cette analyse. C’est la raison pour laquelle plusieurs d’entre eux n’ont pas voulu fournir à Option Finance leurs prévisions concernant les taux et les changes, compte tenu des incertitudes, tant sur le front de la stabilité financière – avec les faillites de banques régionales américaines mais aussi les difficultés de Credit Suisse, dont les conséquences sur l’ensemble du système bancaire sont encore mal évaluées – que du côté de l’inflation.
Pour autant, les gouverneurs de la BCE ont décidé, à une grande majorité – seuls 4 sur 26 se sont opposés à cette décision, comme l’a indiqué Christine Lagarde –, de relever comme prévu les taux directeurs. Ces quatre « opposants » étaient persuadés de la nécessité d’augmenter, à terme, les taux d’intérêt, pour lutter contre l’inflation, mais jugeaient que l’incertitude financière imposait, aujourd’hui, de marquer une pause. La majorité a considéré au contraire que « l’inflation devrait rester trop forte pendant une trop longue période », comme l’a souligné la présidente de la BCE. D’où l’impossibilité de s’arrêter en chemin, avec le risque de voir réitérée l’erreur de 2008, quand la BCE a relevé ses taux alors même que le stress financier montait en puissance, deux mois avant la faillite de Lehman Brothers.