Longtemps considérée comme une matière purement technique, la comptabilité a acquis, depuis l’adoption des normes IFRS, une dimension stratégique aux yeux non seulement des entreprises, mais aussi des Etats. Nouveau président de l’Autorité des normes comptables (ANC), Patrick de Cambourg fait le point sur les enjeux auxquels sont confrontés les normalisateurs, en France comme en Europe, dans les débats actuels sur les normes mondiales.
Après avoir dirigé le cabinet d’audit Mazars pendant près de trente ans, vous avez été nommé en mars dernier président de l’Autorité des normes comptables (ANC). Quel rôle cette institution, de création relativement récente, joue-t-elle à présent dans le paysage économique français ?
La création en 2009 de l’ANC a permis de franchir une étape très importante par rapport aux deux institutions qui existaient jusqu’alors, le Conseil national de la comptabilité et le Comité de réglementation comptable. Elle a professionnalisé le dispositif en donnant naissance à une structure dotée d’un périmètre de responsabilité et d’une organisation qui en ont fait une véritable autorité de réglementation. De plus, la réforme a montré l’importance prise par la comptabilité dans la vie économique, une reconnaissance dont le mérite revient à mes prédécesseurs qui ont su faire valoir sa dimension sociétale. L’ANC est désormais partie prenante à la régulation des marchés, son président figurant dans les collèges des institutions de place (AMF, ACPR, etc.). La désignation de ce dernier intervient après une audition devant le Parlement. Tout ceci confère à la comptabilité le statut de discipline à part entière. L’ANC, par ailleurs, n’est pas une machine lourde. C’est une plateforme destinée à fédérer les compétences en matière comptable et financière autour d’un collège, de deux commissions (normes privées et internationales) et de gro...