«Visant à rétablir la souveraineté européenne dans les paiements, le projet paneuropéen EPI arrive à point nommé, d’autant plus que les Gafa et que certains acteurs chinois ont commencé à passer à l’offensive dans les services financiers.»
Seize banques européennes viennent de lancer lancer un projet interbancaire de traitement des paiements à l’échelle du continent, baptisé «European Payments Initiative» (EPI). En quoi une telle initiative est-elle importante pour l’Europe ?
Il existe déjà au sein de l’espace communautaire plusieurs systèmes de paiement, ou «schemes», d’origine européenne. Parmi eux, on retrouve par exemple CB (Groupement des Cartes bancaires CB), qui exécute l’essentiel des transactions réglées par cartes en France. Mais ces schemes domestiques présentent la limite de n’opérer principalement qu’à l’échelle de leur pays, à la différence de ceux proposés par Visa et Mastercard dont le périmètre est pour sa part international. Or la crise sanitaire de la Covid-19 est venue rappeler aux Etats européens qu’il pouvait être dangereux de dépendre d’acteurs non domestiques pour l’approvisionnement de biens de première nécessité, comme des masques ou des appareils respiratoires. Il n’en va pas différemment dans le domaine des paiements, où la dépendance à Visa et Mastercard pourrait également se révéler préjudiciable. Pour rappel, lorsque la Russie avait envahi la Crimée en 2014, ces deux entreprises avaient cessé de répondre aux besoins des clients des banques russes à la suite de sanctions décidées par Washington. Dans le climat actuel de guerre commerciale, l’absence de système paneuropéen pourrait représenter pour les Etats-Unis un levier de pression face à l’Union européenne.
En 2012, le projet...