D’abord cantonnés à la sphère du capital-investissement, avant de se diffuser aux PME-ETI extérieures à celle-ci, les financements en dette octroyés par des acteurs non bancaires connaissent un développement exponentiel. De plus en plus protéiformes, ils commencent même à attirer de grandes entreprises cotées, séduites par leur grande flexibilité.
Points clés :
- Selon le fournisseur de données PitchBook, les actifs sous gestion relatifs à la dette privée sont passés à l’international de 280 milliards de dollars en 2007 à 1 500 milliards de dollars fin 2022.
- Les fonds de dette privée proposent aujourd’hui une large palette de solutions, allant de la dette senior au financement assis sur des actifs réels, en passant par l’unitranche et les titres hybrides à durée perpétuelle émis par une filiale.
- Certains fonds d’investissement souscrivent ce type de placements pour le compte de leur branche assurance.
Air France-KLM et Clariane (ex-Korian) en France, le brasseur belge AB InBev, les groupes américains AT&T et Intel, ou encore la foncière allemande Vonovia à l’étranger... Au cours des derniers mois, ces grandes entreprises cotées se sont distinguées sur le front des financements. Habituées de longue date à lever de la dette auprès de leurs banques et sur les marchés de capitaux publics, chacune d’entre elles s’est en effet tournée vers un acteur institutionnel pour subvenir à ses besoins financiers, dans le cadre d’une transaction bilatérale : Crédit Agricole Assurances pour Clariane ; le fonds d’investissement Apollo pour Air France, AB InBev, AT&T et Vonovia ; son concurrent Brookfield pour Intel.
Un tournant ?
La percée des acteurs non bancaires dans le financement en dette des entreprises n’est certes pas nouvelle. Cette tendance a en effet commencé à émerger dans l’univers du capital-investissement dans les années 1980 outre-Atlantique, et 1990 en Europe, avec l’intégration de dettes mezzanine au sein de montages LBO. Après avoir continué de prospérer, ce mouvement de désintermédiation bancaire n’a ensuite cessé de s’amplifier depuis la crise financière de 2008-2009, qui avait provoqué un tarissement de la liquidité bancaire. Dans la sphère du private equity toujours, avec l’éclosion de la dette unitranche, mais pas seulement, comme en témoigne l’exemple de la France. De fait, c’est à compter de 2012 que l’accès aux emprunts obligataires s’est progressivement ouvert aux ETI et aux...