Le 28 avril, l’agence Fitch a rétrogradé la note de la dette souveraine française à AA-, sans que cela ne semble affecter le différentiel de taux France- Allemagne (spread OAT-Bund à 10 ans). Les révisions de notes des agences de rating n’auraient-elles plus d’influence sur les marchés ?
Matthieu de Clermont, senior fixed income portfolio manager chez Allianz Global Investors : La dégradation de la note de Fitch n’a pas été une surprise car cette agence avait attribué une perspective négative à la dette souveraine française en 2020 or l’usage est de confirmer, ou non, les notes dans les deux ans. Le marché s’attendait donc à ce que Fitch prenne position. Cela a eu d’autant mois d’effet que les dettes AA- et AA avec implication négative ont la même pondération prudentielle.
Dans quelle mesure les changements des notes des agences de rating orientent-ils vos décisions d’allocations d’actifs ?
Les gestionnaires d’actifs sont moins sensibles que l’opinion à la symbolique des variations de notes.
Les modifications du rating peuvent inciter à des sur- ou sous-pondérations, mais la France était déjà probablement sous-pondérée dans certains portefeuilles. Aller plus loin impliquerait de renoncer au supplément de rémunération qu’offre la dette souveraine française par rapport à celles de pays mieux notés. D’ailleurs, le 4 mai, le Trésor a effectué une émission de 10,7 milliards d’OAT à long terme, sans renchérissement des taux.
Comme nous, les agences se fondent sur les perspectives économiques à moyen et long terme, mais elles attribuent leurs notes en fonction de l’écart d’un pays donné avec la médiane des comparables. L’endettement français était déjà à 111,6 % du PIB fin 2022, alors que la médiane...