Vous venez de rédiger un ouvrage* sur l’évaluation des entreprises du numérique. En quoi celle-ci diffère-t-elle de celle des entreprises traditionnelles ?
Il ne s’agit pas tant de différences de méthode que de différences d’approche. En règle générale, le développement des start-up du numérique présente souvent plus d’incertitudes que celui des jeunes sociétés traditionnelles. Les premières ont bien souvent des business plans plus tâtonnants et peuvent générer successivement de fortes pertes puis des recettes exponentielles à mesure que la reconnaissance de l’utilité de leur service, c’est-à-dire l’effet de réseau, augmente. Au stade de la maturité, l’évaluation des entreprises du numérique s’apparente cependant à celle des autres entreprises, parce que les unes comme les autres disposent de comparables et d’indicateurs à la fois sur le plan commercial, actionnarial et financier. La différence d’approche tient en outre au caractère immatériel des premières et matériel des secondes. Contrairement aux entités industrielles ou même de services, l’absence d’éléments corporels de type immobilier, outils de production autres que logiciels ou stocks, à l’actif des acteurs du digital, rend compliquée toute détermination de leur valeur basée sur le patrimoine.
Existe-t-il des méthodes d’évaluation propres aux start-up numériques ?
Aux stades de l’amorçage et des premiers tours, l’évaluateur est essentiellement investisseur. Bien souvent, à ce niveau de développement, l’évaluation de l’entreprise est établie en fonction des apports successifs en fonds propres des fondateurs, des proches (le «love money») et des financeurs externes. Conventionnellement, lors des premiers tours de table, les actionnaires...