Entretien avec Julien Teddé, CEO, Opéra Energie
Les gouvernements européens viennent de s’accorder sur une réforme du marché de l’électricité, que le gouvernement français présente comme une avancée majeure, au profit des entreprises, qui pourront bénéficier d’un prix plus bas. Va-t-elle vraiment changer la donne ?
Il faut d’abord souligner que l’accord trouvé entre les gouvernements doit être examiné par la Commission européenne et surtout approuvé par le Parlement européen. Cela n’est pas entièrement acquis, au vu des réticences allemandes. Cet accord permettrait aux entreprises françaises de bénéficier d’un coût compétitif de l’électricité, qui pourrait être inférieur à celui pratiqué en Allemagne. De fait, cela donnerait un avantage économique majeur aux entreprises françaises par rapport à leurs homologues d’outre-Rhin. Ainsi, la chambre de commerce allemande estime qu’une PME germanique payait déjà son électricité deux fois plus cher que son homologue française avant la crise sanitaire, mais que ce handicap a encore lourdement augmenté avec la crise de l’énergie : le coût serait aujourd’hui quatre fois plus élevé outre-Rhin. La France n’a pas non plus été épargnée par l’envolée des prix. Au plus fort de la crise énergétique, à la fin de l’été 2022, le budget « gaz » des PME a ainsi été multiplié par quatre ! En revanche, leur budget électricité a augmenté de « seulement » 180 %. Cet écart provient de la protection apportée par le mécanisme Arenh (accès régulé à l’électricité nucléaire historique), qui aboutit à ce qu’environ la moitié de l’électricité achetée par une PME l’est à prix fixe, c’est-à-dire 42 euros le mégawattheure.