Cherchant à protéger la trésorerie des entreprises, Bercy et la Banque de France ont mis en place dès le début de la crise, au travers de la Médiation des entreprises et celle du crédit, une structure destinée à mettre fin aux mauvaises pratiques des grands groupes en termes de paiement. Fort de ces résultats, ce dispositif va être maintenu en place l’an prochain.
Plusieurs études récentes (cabinet Arc, Euler Hermes, Atradius, etc.) ont fait état d’une dégradation significative des retards de paiement des entreprises françaises depuis le début de la crise. Partagez-vous ce constat ?
Frédéric Visnovsky : «Il est malheureusement assez difficile d’avoir une vue précise sur le phénomène. Tous les ans, la Banque de France est rapporteur du rapport de l’Observatoire des délais de paiement, dont la dernière édition a été publiée en octobre, mais chacune d’elles s’appuie sur les données de l’année précédente. Outre l’indicateur relatif au nombre de saisines du médiateur des entreprises et les remontées de terrain en provenance de nos implantations locales, nous ne disposons pas d’outil nous permettant de mesurer avec finesse la tendance en temps réel. Afin d’y remédier, le gouverneur de la Banque de France et le ministre de l’Economie avaient œuvré à la création, dès le début de la crise sanitaire en mars, d’un Comité de crise sur les délais de paiement. Au travers de cette instance, il nous est effectivement apparu que la situation sur ce front s’était détériorée.»
Comment se compose ce comité et quelles ont été ses observations ?
Pierre Pelouzet : «Il s’agit d’une structure inédite, dont le but consistait à repérer le plus rapidement possible toute dérive de la part d’importants donneurs d’ordres, en vue de les corriger immédiatement. A l’inverse, il nous semblait également important de saluer les bonnes pratiques mises en œuvre par certaines entreprises afin de soutenir les acteurs de leur chaîne...