Sous l’effet conjugué de la normalisation de la politique monétaire et de la détérioration de la conjoncture économique, des craintes avaient émergé l’an dernier quant à un possible durcissement de l’accès aux financements bancaires. Dans le sillage d’un exercice 2022 dynamique en matière de production de crédits aux entreprises, l’activité est toutefois restée soutenue en France durant le premier trimestre. Même si quelques nuages poignent à l’horizon, les banquiers se veulent confiants pour les prochains mois.
Du jamais-vu. Selon les dernières statistiques que vient de publier la Banque de France, l’encours total de crédits bancaires accordés aux sociétés non financières a atteint, fin février, 1 333,2 milliards d’euros. En croissance de 6,9 % sur un an, ce montant constitue un nouveau pic historique… qui pourrait cependant être rapidement dépassé à en croire les retours des banquiers ! « Après une année 2022 marquée par une production d’environ 25 milliards d’euros, record à l’échelle de notre réseau, de crédits de moyen-long terme à destination des personnes morales, cette dynamique s’est poursuivie durant le premier trimestre », témoigne ainsi Jérôme Lamotte, directeur du marché des entreprises et des ingénieries Banque Populaire. La tendance peut surprendre. Car entre le durcissement de la politique monétaire européen enclenché il y a un an d’une part, et la détérioration de la conjoncture économique exacerbée notamment par le rebond de l’inflation d’autre part, de nombreux spécialistes en financement avaient mis en garde contre une probable contraction du crédit bancaire dès le premier semestre 2023. Aux Etats-Unis, l’accès au crédit pour les PME est ainsi en net recul depuis le début de l’année. En France en revanche, « force est de constater que la réalité chiffrée s’inscrit en total décalage avec ce discours ambiant », observe le médiateur du crédit, Frédéric Visnovsky.
Les pools bancaires en pleine reconfiguration
- Le phénomène n’est pas nouveau, mais il semble s’être amplifié au cours des derniers mois. Face au désengagement partiel ou total de certaines banques étrangères du marché français, plusieurs directions financières ont récemment été contraintes de reconfigurer leur pool bancaire à l’occasion de leurs refinancements de lignes arrivant à échéance. Ce retrait concerne certains établissements asiatiques (notamment Bank of China) et, surtout, européens.
- C’est le cas d’ING, qui réduit sa présence géographique, et d’acteurs espagnols, comme Banco Sabadell. La « disparition » du Crédit du Nord, absorbé par la banque de détail de la Société Générale en début d’année, a également amené certaines entreprises qui s’appuyaient jusqu’alors sur les deux établissements à se mettre en quête d’un nouveau partenaire pour combler ce vide.
- Enfin, les craintes autour d’un durcissement de l’accès au crédit auraient incité de nombreux dirigeants de TPE-PME à diversifier leurs relations. « Se reposant jusqu’alors sur une seule banque, beaucoup d’entre elles ont commencé à développer des relations avec un ou quelques autres établissements », constate Germain Simoneau, président de la commission Financement des entreprises à la CPME.
Des projets d’investissements toujours nombreux
Cette situation tient d’abord à la vigueur de la demande de prêts. Bien que la trésorerie globale des...