Parole d’expert - Franklin Templeton

« Le potentiel de croissance des solutions au changement climatique reste sous-estimé »

Publié le 3 mars 2023 à 12h00

Franklin Templeton    Temps de lecture 4 minutes

La crise énergétique n’a fait qu’accroître la nécessité de passer des promesses aux actes en matière de lutte contre le changement climatique, estime Craig Cameron, gérant du Franklin Templeton Global Climate Fund. Un mouvement dont peuvent bénéficier les investisseurs, à condition d’être attentifs aux valorisations.

Quel est le profil des entreprises que vous ciblez ?

L’objectif du fonds est de participer à l’atténuation et à l’adaptation au changement climatique. Pour cela, nous investissons dans des entreprises cotées qui contribuent positivement à cet objectif. Nous ciblons tout d’abord des acteurs qui apportent des solutions à cet enjeu, ces dernières devenant représenter plus de la moitié de leurs revenus. C’est par exemple le cas du fabricant d’éoliennes Vestas. Notre fonds doit être composé de ce type d’entreprises à hauteur d’au moins 50 %. Cette proportion est aujourd’hui à 60 %. Le reste du portefeuille est composé d’entreprises résilientes ou en transition. Il peut s’agir, d’une part, de sociétés qui facilitent la transition énergétique, à l’image de Cadeler, qui produit des navires permettant l’installation d’éoliennes offshore. Nous ciblons, d’autre part, des entreprises dont l’activité issue de l’offre de solutions ne pèse pas encore plus de la moitié de leur revenus mais est en forte croissance. C’est le cas du groupe Albemarle, dont l’activité d’extraction de lithium ne représentait que 25 % du total quand nous avons investi mais qui est aujourd’hui proche de la moitié. Nous cherchons à acheter ce type de société avant que le marché ne valorise leur impact en termes de décarbonation. 

Quelle importance accordez-vous, plus généralement, au critère de la valorisation ? 

Notre fonds a une approche « value » assez différenciante. Il est un des rares de sa catégorie à présenter une décote par rapport au marché en termes de ratio cours/bénéfices. Lorsque nous avons transformé ce fonds, en 2018, nous trouvions que beaucoup de valeurs en lien avec le changement climatique étaient chères. Nous avons donc décidé d’être très attentifs au critère de valorisation : nous sélectionnons les entreprises qui ont une vraie contribution à l’objectif mais si leur prix est trop élevé, nous n’investissons pas.

Pensez-vous qu’il y ait une bulle sur ces actifs ?

Il peut y avoir des cas de surévaluation, comme en 2021 pour les acteurs de l’hydrogène mais je ne crois pas qu’on puisse parler de bulle. Le potentiel de croissance, sur la décennie à venir, des entreprises qui accompagnent la transformation de l’économie reste sous-estimé. 

Quelles données utilisez-vous ?

Dans un premier temps, nous passons l’ensemble de notre univers d’investissement au filtre des données de fournisseurs externes. Nous repérons les entreprises qui correspondent le mieux à chacune de nos catégories. Puis nous les analysons à travers le prisme des émissions évitées. Cet indicateur n’est pas parfait mais il nous permet de ne pas pénaliser une entreprise pour les émissions de carbone résultant de son process de production, alors qu’en aval, son produit permet d’en réduire bien davantage. Nous voulons prendre en compte cette forme de compensation pour obtenir un retour sur investissement en termes de carbone.

Poussez-vous tout de même ces entreprises à se transformer ?

Au-delà des solutions qu’elles offrent, elles ont en effet, à nos yeux, une sorte d’obligation morale à réduire leurs propres émissions, car elles seront les premiers bénéficiaires de ce mouvement de décarbonation. Nous menons des actions d’engagement actionnarial dans ce sens. Nous poussons les plus petites à accroître leur effort de transparence. Pour celles de plus grande taille, nous les incitons à adhérer à l’initiative Science Based Targets (SBTi). C’est le cas de 65 % de nos valeurs en portefeuille. Enfin, nous suivons la mise en œuvre de ces engagements : nous voulons voir les progrès année après année.

Etes-vous confiant sur la poursuite de ces progrès ?

Ces cinq dernières années, beaucoup d’entreprises ont pris des engagements en matière de décarbonation. C’est très encourageant. Mais dans le même temps, depuis l’Accord de Paris, les émissions globales ont continué d’augmenter. Il faut passer des promesses aux actes. Nous avons besoin de voir les plans d’investissement qui vont permettre cette décarbonation des modèles d’affaires. Le travail à accomplir d’ici 2030 est colossal. Malheureusement, le contexte géopolitique n’est pas propice à la coopération internationale sur ce sujet. La flambée inflationniste incite les gouvernements à prendre des décisions de court-terme, même si, à plus long terme, la crise énergétique pousse à l’accélération des énergies renouvelables et à la recherche d’efficacité énergétique. L’inflation Reduction Act américain est ainsi un pas dans la bonne direction, et il faut que l’Europe fasse de même.

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