«A fin 2021, les défaillances d’entreprises françaises auront augmenté de 21% par rapport à leur niveau de fin 2019.»
Depuis la semaine dernière, le gouvernement table sur une chute de 11 % du produit intérieur brut français en 2020. Etes-vous d’accord avec cette prévision ?
Selon nous, l’effondrement est susceptible d’être encore plus prononcé, à - 11,6 %. En d’autres termes, cela signifie que le PIB français devrait se contracter, cette année, jusqu’au niveau qui était le sien avant la crise de 2008-2009 ! Ces chiffres sont impressionnants, mais auraient pu être beaucoup plus dramatiques sans les mesures de soutien mises en place par les pouvoirs publics. Pour rappel, selon les premières estimations de la DARES, la moitié des salariés du privé ont fait l’objet d’une demande de chômage partiel et 34 % en ont effectivement bénéficié au mois d’avril.
Le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, s’est récemment dit «convaincu» que l’économie française allait «rebondir» en 2021. Qu’en pensez-vous ?
Après la mise en veille forcée de ces deux derniers mois, le «rebond» en question s’apparentera davantage à une convalescence. Pour cause, le PIB français ne retrouvera pas son niveau d’avant-crise avant fin 2021, a minima.
A cette date, les défaillances d’entreprises auront augmenté de 21 % par rapport à leur niveau de fin 2019, et enregistré en vingt-quatre mois une croissance historique après avoir constamment baissé depuis 2016. Les chiffres qui font état d’un repli de 40 % et de 70 % des faillites en mars et en avril s’expliquent par les difficultés de fonctionnement rencontrées par les tribunaux de commerce et, surtout, par la suspension de l’obligation de déclarer toute cessation de paiement jusqu’au 23 août inclus. Ils ne reflètent pas la réalité économique.
La France fait-elle partie des économies de la zone euro les plus touchées par la crise sanitaire ?
Notre économie a été davantage impactée que celles, par exemple, de l’Allemagne ou des Pays-Bas. Dans ces pays, les mesures sanitaires ont...