Créée par la loi Pacte en 2019, la qualité de société à mission avait connu un démarrage prometteur, avant de marquer le pas ces derniers mois. A l’aune des divers bénéfices qu’en retirent les entreprises concernées, notamment sur un plan financier, les promoteurs du dispositif se veulent néanmoins résolument optimistes quant à son essor.
Six mois seulement après l’adoption de la loi Pacte qui donnait naissance à la « société à mission », la Compagnie Léa Nature devenait, en octobre 2019, la première ETI (488 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023) à inscrire cette qualité dans ses statuts. Une démarche censée être lourde de sens puisqu’elle consiste, pour une entreprise, à affirmer publiquement sa raison d’être, ainsi qu’un ou plusieurs objectifs sociaux et environnementaux qu’elle se donne pour mission de poursuivre dans le cadre de son activité. Mais ironie de l’histoire, le spécialiste du bio restera aussi le premier à… avoir abandonné cette qualité ! En octobre dernier, Charles Kloboukoff, fondateur et dirigeant de Compagnie Léa Nature, a en effet officialisé la nouvelle, scellée fin 2023.
Des obligations non respectées
Motivée par plusieurs paramètres (voir encadré), cette décision n’a pas laissé les acteurs de l’écosystème des sociétés à mission insensibles, loin de là. « Lorsqu’un pionnier, qui plus est une locomotive dans le domaine de la RSE, se résout à quitter le navire, le signal envoyé n’est clairement pas positif », reconnaît l’un d’eux. Il l’est d’autant moins que les pratiques de nombreuses entreprises à mission apparaissent perfectibles. « A la différence d’un label, une entreprise qui souhaite se doter d’une mission dispose d’une grande liberté pour définir ses objectifs, rappelle Vivien Pertusot, fondateur du cabinet de conseil La Machine à Sens. Or, cette flexibilité aboutit à une forte hétérogénéité sur ce plan,...