Confrontées au regain d’inflation, les Banques centrales européenne et américaine ont commencé à accélérer la normalisation de leur politique monétaire, ce qui s’est déjà traduit par un renchérissement sensible des coûts d’emprunt des entreprises sur le marché obligataire. Ces dernières doivent également composer avec des investisseurs plus prudents du fait des incertitudes géopolitiques et économiques.
Fin mars, le marché obligataire enregistrait un nouveau record. En plaçant une tranche d’une maturité de trois ans, Sanofi émettait avec un spread de… 0 point de base (pb), du jamais vu dans le monde ! Le groupe pharmaceutique a bien fait d’en profiter. A présent, il semble bien loin le temps où les entreprises dictaient leur loi aux investisseurs obligataires et se finançaient à coût quasi nul... Alors que l’inflation ne cesse d’augmenter des deux côtés de l’Atlantique (+ 8,3 % sur un an aux Etats-Unis et + 4,8 % sur un an en France en avril), les banques centrales ont récemment durci le ton. Pour tenter d’enrayer cette spirale d’appréciation des prix, la Fed a accéléré le rythme de ses relèvements de taux directeurs et acté le début d’un cycle de réduction de la taille de son bilan, tandis que la BCE a amorcé l’arrêt de ses rachats nets d’actifs sur les marchés financiers (voir encadré). Des décisions qui ont alimenté une envolée des taux de marché. Aux Etats-Unis, le taux souverain à 10 ans a ainsi doublé depuis le début de l’année, pour avoisiner désormais le seuil symbolique de 3 %. Du jamais vu depuis l’été 2018. En Europe, la tendance est tout aussi impressionnante. Depuis le 1er janvier, le taux d’intérêt midswap 10 ans en euros est en effet passé de 0,38 % à… près de 1,80 % ! « Au cours du premier trimestre, ce taux a bondi de 100 pb, ce qui est tout simplement colossal ! obs...